N°17 | Hommes et femmes, frères d’armes ?

Jean-Yves Boyer
Survivre au traumatisme
Paris, L'Harmattan, 2010
Jean-Yves Boyer, Survivre au traumatisme, L'Harmattan

Un officier très gravement accidenté en service raconte son long chemin vers la réhabilitation physique et professionnelle. Un récit en direct, rédigé à la première personne.

Chance ? Malchance ? Le colonel Boyer ne raisonne pas ainsi. Il revient indemne d’une mission périlleuse en Afghanistan pour être victime d’un accident de char à la reprise de son service en métropole. Il raconte la phase des soins intensifs pendant laquelle il lutte contre la mort, suivie de la phase chirurgicale de réparation en plusieurs temps, puis celle, longue, de la rééducation. Le visage à reconstruire, la vision à réapprendre, retrouver une respiration normale… Le lecteur est pris dans un témoignage pudique et sensible qui restitue au jour le jour le vécu d’un blessé et l’évolution de ses relations avec son entourage.

Dans le rétablissement de cet homme, son courage et sa force physique sont des éléments majeurs. Le rôle de l’entourage apparaît tout aussi décisif, à double titre. Il a tenu le coup parce que sa famille a tenu le coup. Jean-Yves Boyer l’a bien perçu, qui dédie d’ailleurs ce livre à son épouse. Elle le mérite. Il a aussi tenu le coup parce que le facteur humain militaire s’est manifesté de façon déterminante. Il a été remarquablement accompagné par l’institution. Des hommes et des femmes se sont engagés dans une action collective pour favoriser sa reconstruction. Au début du livre, il remercie les spécialistes de l’hôpital d’instruction des armées Percy de Clamart ; c’est un geste auquel ils seront sensibles. Il y a aussi le rôle des responsables de l’armée de terre qui ont accompagné son retour au service et les lecteurs reconnaîtront, sur une photo qui montre le général d’armée Bernard Thorette, chef d’état-major de l’armée de terre de l’époque, au chevet de l’officier convalescent, dans une pose attentive qui exprime bien l’humanité que ceux qui l’ont côtoyé lui connaissent.

Le lecteur peut avoir un regret : l’auteur fait l’impasse sur la prise en charge psychologique des blessés graves dans les hôpitaux militaires. Qu’ont été pour lui le soutien psychologique des infirmiers, les entretiens avec la psychologue et le psychiatre ? Il choisit de ne pas en parler. Il ne témoigne que de son parcours de soins dans la prise en charge du visible de ses blessures. Il ne parle pas des blessures invisibles. Cela n’aurait rien enlevé à la reconnaissance que nous avons de son courage.


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