N°37 | Les enfants et la guerre

Jean-Clément Martin
La Terreur
Vérités et légendes
Paris, Perrin, 2016
Jean-Clément Martin, La Terreur, Perrin

L’histoire de la Révolution française amplifie fréquemment la césure entre le moment d’épopée fraternelle de 1789 et la répression sanglante, souvent aveugle, de 1793 incarnée par Robespierre, déshonorant à jamais ce moment de fraternité naissante. L’auteur réinterroge en profondeur les raisons qui ont poussé historiens et politiciens à ériger en excès les effets de la Terreur pour mieux ensevelir la révolution de 1789 sous sa responsabilité ontologique de terreur à venir. Il est vrai que la Terreur n’a jamais été décrétée comme telle par la Convention, même si son expression a été utilisée à maintes reprises par Tallien, Marat et Robespierre. Ses manifestations concrètes à Paris et en province ont suscité une inquiétude d’autant plus légitime que les excès des jugements expéditifs n’étaient toujours corrigés qu’après coup. Le paradoxe étrange de cet ouvrage particulièrement intéressant est que le lecteur en ressort plus effrayé par les vérités des mises à mort que rassuré par les légendes réactionnaires. Les tueries se font au nom de valeurs abstraites – « contre-révolutionnaires », « ennemis du peuple »… – toujours justifiées par l’état de menace de guerre et l’atmosphère délétère entretenue par certains révolutionnaires, en particulier les sans-culottes. Certes le nombre de morts reste incertain, mais même si ce nombre est moins important qu’on ne le pense, ce moment reste fondateur d’une angoisse légitime qui maintient les vérités au-dessus des légendes, même si le vœu de l’auteur était de faire prendre conscience du contraire.


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