N°39 | Dire

Olivier Lahaie

Dire pour nuire Été 1914, les prémices de la propagande de guerre

« Quand vos combattants, qui doutent dans leurs consciences obscures
de la bonté de leur cause, sentiront fléchir leur courage à l’idée de mourir
pour l’accomplissement de desseins qu’on n’ose formuler, le drapeau tremblera
dans leurs mains, tandis que le nôtre dominera la bataille, appelant tous les cœurs
au sublime sacrifice pour l’âme et le corps de la Patrie
»

Georges Clemenceau (« Les deux drapeaux », L’Homme libre, 6 août 1914)

L’art de manipuler les masses était connu bien avant 1914. Pour autant, on hésitait souvent à recourir à ce procédé tant on considérait qu’introduire sciemment un poison dans l’esprit humain était déloyal. D’aucuns prétendaient même que vouloir détruire l’âme de son ennemi était moralement plus condamnable que de vouloir le tuer. La Grande Guerre changea radicalement cette perception puisque, dès son commencement, l’opinion publique fut manipulée de manière accélérée sur décision des gouvernements ou à l’initiative de comités privés créés à cette fin1.

  • État des lieux à la veille de la Grande Guerre

Tout au long du xixe siècle, les progrès continus de l’alphabétisation avaient ouvert la voie à une forme nouvelle de persuasion2. Au début du xxe, les techniques modernes de l’imprimerie autorisaient la production d’une quantité gigantesque de documents des plus variés3. La presse était alors l’unique moyen d’information de masse4 ; dix millions de Français achetaient un quotidien et quatre grands titres représentaient 75 % du marché de la presse parisienne5. La presse locale comptait deux cent quarante-deux titres ; quelques quotidiens provinciaux tiraient à deux cent mille exemplaires par jour et une quinzaine à cent mille. Les principaux journaux suisses, en langues romande ou alémanique, entretenaient des correspondants à Paris6. Ceci explique qu’en août 1914 toutes les conditions se trouvaient réunies pour faire du conflit qui s’ouvrait, hors normes car mondial, une lutte « idéologique ».

La guerre est traditionnellement une période où l’opinion publique a soif d’information, tandis que les gouvernants s’emploient à mobiliser puis à fédérer les énergies pour remporter la victoire. En 1914, la législation internationale étant lacunaire dans le domaine de la propagande, ces derniers furent tentés de peser sur le comportement de leurs concitoyens7. On réfléchit donc à la mise en place de structures bureaucratiques capables de délivrer une information, non seulement filtrée mais aussi orientée, dans un souci d’embrigadement des masses8. Or c’est précisément à cet instant que la propagande commence, c’est-à-dire quand on décide d’influer sur les opinions publiques ou sur l’attitude des foules en manipulant la perception qu’elles se font de leur environnement. Il est possible de contrôler l’opinion en utilisant des symboles significatifs, en racontant des histoires, en colportant des fausses nouvelles et en diffusant photographies ou autres moyens de communication sociale9.

Chacun sait que les mots peuvent être chargés d’émotion. En optant pour un ton calme (comme celui utilisé à l’école) et en tenant un discours scientifique pour présenter une analyse rationnelle, on engendre un sentiment de confiance qui contribue à persuader celui qui écoute ou qui lit10. Évidemment, le propagandiste doit absolument cacher son jeu, tout autant que s’efforcer de dissimuler les voies par lesquelles il diffuse sa production11.

Tandis que la propagande « positive » répond aux appétences d’information du public tout en s’attachant à justifier le bien-fondé de l’action entreprise contre l’ennemi, la propagande « négative » s’applique à développer la haine de l’adversaire ou simplement le soupçon à l’encontre de ses intentions, deux sentiments très facilement véhiculés et amplifiés par la rumeur. Pour toucher un maximum de personnes dans un laps de temps réduit, la propagande de 1914 se sert de différents supports : discours, articles de presse, brochures, tracts, vignettes, cinéma... Si la propagande « intérieure » vise à rassembler l’ensemble des forces nationales pendant toute la durée des hostilités, l’« extérieure » tend à influencer l’opinion des neutres ou à miner la volonté de résistance adverse. En lui-même, le contrôle de l’information est déjà une forme primaire de propagande, au sens où, occultant les vérités déplaisantes, il persuade les lecteurs de la véracité de faits soigneusement sélectionnés avant leur diffusion. Mais ce contrôle ne suffit pas et l’on doit faire appel à la propagande proprement dite – science à forte connotation négative – qui manie tour à tour l’omission, le mensonge ou l’exagération à des fins de manipulation psychologique12.

La propagande dite « de guerre » s’adresse en premier lieu aux nationaux du pays ennemi. En revanche, les classes dirigeantes y sont imperméables, n’ayant de cesse que d’encourager l’esprit belliqueux ; elles disposent aussi d’informations dont le quidam est privé, et il est donc peu probable de réussir à les berner. Tout au plus peut-on réussir à les démoraliser à la longue. Ainsi, la difficulté majeure à laquelle se heurte le propagandiste est de franchir les obstacles tendus par la censure officielle adverse, afin d’atteindre sa cible prioritaire qui est la population. Il reste que la propagande est un art subtil, et que ceux qui la pratiquent avec maladresse, laissant apparaître de grossières ficelles, trahissent leurs intentions et la rendent inopérante. « La guerre psychologique est la science de la discorde [qui utilise] les possibilités subversives de la psychiatrie et de la psychanalyse », disciplines encore balbutiantes à cette époque13. Les protagonistes de 1914 furent néanmoins aidés par les circonstances qui, on l’a dit, étaient exceptionnelles. On sait d’ailleurs que le passage du temps de paix au temps de guerre favorise toujours l’excitation des passions et améliore le rendement de la propagande, même si cette dernière manque de finesse. Privés de nouvelles en raison de la censure de presse, les esprits sont également plus facilement malléables.

Bien qu’agissant tous deux de façon occulte, le propagandiste et l’espion sont des combattants de l’ombre ayant chacun leur spécificité. Le premier, infatigable et fin d’esprit, doit posséder une bonne connaissance de la diplomatie. Son travail est fait de patience, d’intelligence et de sang-froid. Avant de commencer son œuvre, à partir du pays qui est le sien, ou après s’être établi sur le territoire d’un État neutre, il doit étudier l’environnement avec soin. Il ne s’impose à personne, choisit soigneusement ceux avec qui il se lie, ne refuse aucune relation, tout en se tenant prêt à batailler avec ses contradicteurs afin de les convertir à sa façon de penser. Il doit enfin disposer de moyens financiers quasi illimités afin de se montrer en société, mais aussi d’inviter ou de rétribuer les personnalités utiles à sa cause tels les écrivains, penseurs, essayistes, hommes politiques, officiers14

  • Des bases jetées dans l’urgence

Le 30 juillet 1914, on créait au ministère de la Guerre, à l’Hôtel des Invalides, un service de censure de presse. La logique qui a alors prévalu était d’éviter que la propagande ennemie tire parti de révélations embarrassantes15. Dans le même temps, on interdit aux journalistes la publication, même fragmentaire, ou l’utilisation des communiqués allemands récupérés dans la presse belgo-suisse. Quelques rédactions passèrent outre, si bien que le 2 août, le ministre de la Guerre Adolphe Messimy diffusa un « appel au patriotisme des divers organes de presse » dans lequel il adjurait « de s’abstenir pendant toute la durée de la campagne, de la publication d’aucun renseignement concernant les armées qui ne soit extrait des publications officielles ou communiqué par l’autorité ».

Dès le lendemain, il se fit plus autoritaire, donnant ordre aux journaux de se soumettre au visa du Bureau de presse, officiellement rattaché au gouvernement militaire de Paris. L’objectif était double : contrôler efficacement le flux d’informations dont pourrait tirer parti le Nachrichtenbüro16 (le Bureau de presse devait renseigner les journalistes français sur tous les faits de guerre dont la divulgation était sans danger pour les opérations en cours) et couper l’herbe sous le pied des officines de propagande des empires centraux17. C’était certes une « précaution indispensable, puisqu’elle [évitait] les indiscrétions, [mais une] précaution redoutable, puisqu’elle allait permettre d’orienter et de chloroformer l’opinion »18.

Le 5 août, une loi autorisa la censure à interdire aux journaux de publier des « indiscrétions de presse », c’est-à-dire « toute information ou article concernant les opérations militaires ou diplomatiques de nature à favoriser l’ennemi », mais également tout ce qui serait susceptible « d’exercer une influence fâcheuse sur l’esprit de l’armée et des populations ». La censure devait aussi empêcher la propagande allemande (de même que les rumeurs malveillantes propagées à dessein) de s’introduire insidieusement en France ; bien que cette seconde mission soit plus difficile que le caviardage des morasses françaises, elle était d’une nécessité urgente : un journal de Berne ne venait-il pas d’affirmer que la Commune avait été proclamée à Paris et que des insurgés marchaient sur l’Élysée19 ? Le moment était particulièrement propice à la diffusion des rumeurs les plus folles ; en effet, « la faculté de fabulation de l’opinion publique ne se développe jamais tant qu’en période de surexcitation des esprits, lorsque la propagande positive est défaillante et quand l’opinion publique manque d’informations »20. Il convenait donc de neutraliser urgemment tous les « bobards » que l’adversaire pouvait mettre en circulation avec l’idée d’affecter le moral des Français ou de peser sur les choix des États non belligérants.

Considérée comme une arme « auxiliaire » à l’ouverture des hostilités, on comprit rapidement que la propagande était précieuse, au sens où elle pouvait contribuer au renforcement de l’esprit combatif. Elle pouvait aussi aider à convaincre les neutres qu’ils avaient tout intérêt à s’engager pour recueillir l’aide militaire ou économique dont ils pouvaient (ou pourraient) avoir besoin21. Bien que ce soit ardu à obtenir, elle pouvait encore saper la résolution du peuple allemand. Après la mobilisation des troupes débuta leur concentration aux frontières ; le gouvernement français décida à la fois de mobiliser les esprits à l’arrière et de répondre aux arguments ennemis à l’extérieur. En ce début d’août, la première interrogation fut de savoir « quoi entreprendre dans le domaine du soutien moral », car l’Union sacrée aidant, un sentiment national et patriotique dominait. Dans leur immense majorité, les Français affichaient leur optimisme, étant persuadés d’être victorieux. Les familles se raccrochaient à l’espoir que les mobilisés seraient de retour pour célébrer Noël. La pointe d’effort porta naturellement sur les journaux, principaux pourvoyeurs d’informations. La propagande dévoila alors son vrai visage… Trois thèmes s’imposèrent d’emblée à l’entreprise propagandiste du gouvernement : la guerre était justifiée (puisque la cause défendue était juste) ; la victoire était certaine (notamment grâce à l’aide du « rouleau compresseur russe ») ; une défaite française était moralement inconvenable (puisqu’équivalente au triomphe du Mal, incarné par l’Allemagne).

Á l’extérieur, il s’agissait de mener une guerre psychologique contre l’ennemi, « directement » mais aussi « indirectement » en diffusant ses propres idées chez les neutres de manière à les persuader que seuls Guillaume II et son état-major portaient la responsabilité morale du conflit. Mais mis à part le Bureau des écoles et des œuvres françaises à l’étranger, créé en 1910 au ministère des Affaires étrangères, Paris ne pouvait s’appuyer sur aucune officine de propagande hors du territoire national. En effet, à la différence de l’Allemagne, la France avait négligé de préparer l’opinion internationale à la guerre et ne disposait donc pas d’organes destinés à l’influencer pour soutenir sa cause. Tout restait donc à créer pour riposter à l’offensive psychologique adverse qui s’était déclenchée le jour même de l’invasion de la Belgique neutre.

Le déficit des pouvoirs publics étant patent en matière de propagande, on laissa une série d’initiatives privées tenter de contrebalancer celle que Berlin distillait dans les pays étrangers. Ce furent tour à tour des tracts, imprimés par la Fédération de la métallurgie à l’intention des commerçants des pays neutres, un manifeste émanant de l’Institut catholique de Paris, un autre de la Fédération des instituteurs de l’enseignement public22, le Bulletin des Français résidant à l’étranger, le Bulletin bimensuel de L’Alliance française sous les auspices de M. A. Rébelliau23, le Bulletin d’études historiques et politiques du Comité Michelet24, les premières publications du Comité d’études et documents sur la guerre financé par la chambre de commerce de Paris25.

Du côté du grand quartier général français (gqg), l’improvisation fut totale. « Des avions français [laissèrent tomber] sur Laon des journaux de la France libre. L’ennemi [rechercha] ces feuilles qui apportaient un peu de vérité aux captifs. Il punissait de lourdes peines les Français qui en [étaient] trouvés détenteurs26. » La rédaction de tracts propagandistes, spécifiquement liés aux opérations en cours, débuta peu après ; « le 9 août 1914, un message de Joffre, destiné aux Alsaciens, fut lancé par avion au-dessus de Mulhouse »27. La nouvelle de la prise de cette ville fit ensuite le tour du monde. La propagande officielle française voulut faire croire que ce succès tactique annonçait la conclusion imminente de la guerre.

Le lendemain, Messimy écrivit à tous les directeurs de journaux de manière à les orienter sur les nouvelles à publier ou à taire. Dans son esprit, il fallait tout à la fois éviter les indiscrétions et ne pas démoraliser la nation : « Tels sont les écueils qu’il vous faut éviter, comme la loi et votre conscience vous en font un devoir. Renseigner exactement le lecteur, ne publier que des faits contrôlés par l’autorité compétente, souligner et développer tout ce qui est de nature à exalter le sentiment national et à renforcer la confiance du pays dans son admirable armée. […] Rejeter, sans exception, tout ce qui risquerait d’alarmer ou de troubler la nation. Voilà, Messieurs les directeurs de journaux, le rôle de la presse28. » C’était une action purement défensive et, par-là même, totalement inopérante pour rivaliser avec le matraquage propagandiste de l’ennemi. Mais était-ce bien nécessaire de dépenser des millions de francs pour agir comme lui, tandis que nombre de sceptiques contestaient les effets réels de la manipulation de masse ? On estimait aussi qu’une propagande bien construite et efficace ne pouvait s’envisager que dans le cadre d’un conflit qui durerait suffisamment longtemps ; or, à cet instant, personnalités politiques et chefs militaires se rejoignaient pour claironner qu’il serait court29.

Mais les jours passèrent et, côté français, il n’y eut plus de bonnes nouvelles à annoncer ; à l’intérieur, il fallait à présent dissimuler les défaites sur les frontières et l’incroyable lourdeur des pertes. Un témoin raconte : « Pour masquer nos revers, on racontait des escarmouches d’avant-postes. Les colonnes des journaux étaient pleines du récit d’atrocités allemandes et d’histoires à dormir debout » ; cette opération était destinée à flatter l’ego national ou à renforcer la crise d’espionnite qui sévissait déjà. « On publia la liste des atrocités commises par les Allemands. Le public avala tout pêle-mêle et l’imagination populaire aidant, les faits, vrais et faux, étaient démesurément grossis. La France de l’arrière n’était plus qu’une immense loge de concierge où tous les racontars circulaient. […] Mais les succès allemands se précisaient chaque jour. Il fallait cacher la vérité. Les journaux s’étendaient complaisamment sur nos opérations en Haute-Alsace. Mulhouse était abandonnée et reprise sans arrêt. […] Barrès, le penseur, en compagnie d’Albert de Mun et de quelques autres, s’était fait le colporteur de tous les cancans. Il écrivit que les soldats alsaciens enrôlés dans l’armée allemande étaient dépouillés par leurs compagnons d’armes. Il estimait “médiocre” la valeur de l’armée ennemie30. »

On publia également des lettres censées provenir du front, qui ne servaient d’autre objectif que de stigmatiser « la bêtise de l’Allemand, envahisseur barbare et sanguinaire » et d’exalter « le noble courage du Pioupiou français, défenseur du Droit et de l’Humanité ». Pour aider à convaincre l’étranger de la justesse de la cause française, le Quai d’Orsay était idéalement situé ; recevant l’information du monde entier, il pouvait aisément la transformer en propagande en l’interprétant de manière appropriée. Le 14 août, un « crédit de propagande » fut donc ouvert au ministère des Affaires étrangères sur proposition de Jules Cambon31 ; il s’agissait de contrecarrer la propagande diplomatique allemande, notamment dans les pays scandinaves. Auguste Bréal fut choisi pour diriger la Section de propagande qui commença à produire en plusieurs langues tracts, livres et articles32. Son premier objectif fut de faire porter la responsabilité de la guerre à l’adversaire, suivant l’exemple du Petit Journal qui, le 3 déjà, avait désigné le « machiavélisme de la diplomatie allemande » comme unique facteur déclenchant des hostilités.

  • En guise de conclusion :

Jusqu’à la bataille de la Marne, le premier axe d’effort du Quai d’Orsay fut la diffusion de la propagande française en Suisse romande par l’entremise d’un « Bureau de presse » rénové. Cette officine reçut la mission de ravitailler nos représentations diplomatiques en œuvres propagandistes33. Hélas, certaines de ces dernières – reflet de l’âpre bataille du verbe qui venait de s’engager dans l’urgence avec Berlin – étaient improvisées, et donc de conception assez maladroite ; elles étaient d’ailleurs constituées essentiellement d’extraits de presse patriotiques et nationalistes. Les auteurs, écrivains de renom ou journalistes triés sur le volet, tendaient à montrer qu’en entrant en belligérance la France n’avait certes fait que se défendre, mais qu’elle avait surtout choisi d’épouser la cause du droit et de la civilisation face à une Allemagne violeuse de la neutralité belge et incroyablement barbare dans le choix de ses procédés de combat.

Malgré cet effort étatique notable, les initiatives propagandistes privées ne furent nullement découragées ; c’est ainsi que nombre de comités virent le jour, tous de bonne volonté, mais faisant parfois plus de mal que de bien en raison de leur dilettantisme.

Après les lourdes pertes de la bataille des frontières et la retraite ordonnée par Joffre, la victoire de la Marne fut un heureux événement qui provoqua une véritable euphorie chez les propagandistes. La France fut alors donnée gagnante d’un conflit que l’on pronostiqua devoir être terminé pour Noël… Son prolongement et la déception qui en résulta furent compensés par des productions propagandistes plus élaborées, vantant tout à la fois le courage et l’esprit de sacrifice du soldat français, de même que la grandeur morale du pays.

1 A. Goldfarb Marquis, “Words as Weapons: Propaganda in Britain and Germany during the First World War”, Journal of Contemporary History, vol. 13, 1978, pp. 468492.

2 B. Wilkin, « Propagande aérienne militaire », Revue historique des armées, 1-2014, p. 87.

3 A. Therstappen, “Tracts et propagande ”, 19141918. Orages de papier, Paris, Somogy, 2008, p. 78.

4 On répertorie 155 publications nationales ou provinciales soumises à la censure militaire entre 1914 et 1918. Voir Service historique de la Défense, archives du ministère de la Guerre (ci-après SHD/GR) 5 N pp. 369, 377 à 387. Pour leurs titres, voir F. Navet, « Des journaux sanctionnés pour des dessins non échoppés 1914-1919 », Guerres mondiales et conflits contemporains n° 174, janvier 1994, pp. 35-51.

5 Le Petit Journal (1 million d’exemplaires par jour), Le Petit Parisien (1,2), Le Matin (0,9), Le Journal (0,9).

6 Gazette de Lausanne, Basler Nachrichten, Neue Zurcher Zeitung, Tribune de Genève, Journal de Genève. Cités dans l’Annuaire général de la France et de l’étranger, Paris, Comité du Livre, 1919, p. 1187.

7 B. Wilkin, op. cit., p. 88.

8 A. Goldfarb Marquis, op. cit. pp. 468 et 472.

9 H.D. Lasswell, Propaganda Technique in the World War, New York, A.A. Knopf Company, 1927, p. 9.

10 A. Goldfarb Marquis, op. cit. p. 467.

11 C. Stuart, The Secrets of Crewe House: the Story of a Famous Campaign, London, Hodder & Stoughton, 1920, p. 1.

12 A. Therstappen, op. cit., p. 78.

13 M. Mégret, La Guerre psychologique, Paris, puf, 1956, pp. 16 et 124.

14 C. Fabiani, L’Homme au ruban rouge, Neuilly-sur-Seine, sipe, 1949, p. 24.

15 shd/gr 5340 : Lettre du gouverneur militaire de Paris à la section presse, dénonçant le fait que le livre Huit Mois avec les Boches de Paul Torn ait été publié chez Perrin sans avoir reçu le visa de la censure, d’où l’utilisation par les Allemands de 80 citations « compromettantes » qu’il renfermait.

16 Le service de renseignements du Grand État-major allemand.

17 Le bureau de presse comportait trois sections : Quotidiens, Périodiques-illustrés-livres, Télégrammes.

18 J. Meyer, A. Ducasse, G. Perreux, Vie et Mort des Français, 1914-1918, Paris, Hachette, 1962, p. 29.

19 W. Vogt, La Suisse allemande au début de la guerre de 1914, Paris, Perrin, 1915, p. 22.

20 A. Brissaud, « La propagande et la guerre », Historia Magazine n° 124, p. 774.

21 M. Cleopha Peil, Some Aspects of British Propaganda during the World War 19141918, thesis submitted to the Faculty of the Graduate School, Marquette University for the Degree of Master of Arts, Milwaukee, Wisconsin, 1942, p. 3.

22 Cités dans B. Franc-Nohain et P. Delay, Histoire anecdotique de la guerre. L’espionnage allemand, la lutte économique et intellectuelle contre les Boches, Paris, P. Lethielleux, 1916, p. 108.

23 Destinée à « la propagation de la langue française dans les colonies et à l’étranger », l’Alliance française implantée au 186 boulevard Saint-Germain à Paris, a été fondée en 1883. Ses bulletins, édités en plusieurs langues, furent bientôt répandus à des centaines de milliers d’exemplaires par les soins de correspondants et de comités qu’elle possédait dans tous les pays. Ibid., pp. 110-111.

24 Ce comité était une société nationale d’« éducation par l’histoire ». Fondé début août 1914, il allait répandre divers tracts ou encartages au sujet des atrocités allemandes en Belgique et au Luxembourg, mais aussi distribuer livres et brochures démontrant le bon droit français.

25 Présidé par l’historien et académicien Ernest Lavisse, ce comité était formé de professeurs de la Sorbonne (Andier, Bédier, Denis, Durkheim, Reiss, Seignobos, Weiss). Leurs différents travaux (une dizaine) furent traduits en six langues et diffusés dans les pays neutres par un Comité international de propagande privé. Voir, parmi les plus remarquables, L’Allemagne et la guerre de 1914-1915 publié en 1915 chez Armand Colin et La Barbarie allemande. Ce qu’ils disent, ce qu’ils font (même éditeur).

26 P. Durand, Agents secrets. L’affaire Fauquenot-Birckel, Paris, Payot, 1937, p. 21.

27 F. Pernot, « La propagande aérienne française en 1914-1918 », Revue historique des armées n° 202, 1-1996.

28 Lettre citée par S. Ambit, « Les ciseaux d’Anastasie. La censure de presse en Toulousain », Verdun et les frontières du Grand-Est à l’aube de la Grande Guerre, actes du colloque de Verdun, 1996.

29 B. Wilkin, op. cit., p. 88.

30 C. Fraval, Histoire de l’arrière. Histoire des peuples durant la guerre, Paris, Jidéher, non daté, pp. 78-80.

31 Cambon avait été ambassadeur de France à Berlin.

32 A. Bréal, Philippe Berthelot, Paris, Gallimard, 1937, p. 138, et Anonyme, La Maison de la presse, Paris, sans indication d’éditeur, 1916.

33 Pour un point complet, voir OLahaie, La Guerre secrète en Suisse (1914-1918). Espionnage, propagande et influence en pays neutre pendant la Grande Guerre, Paris, Connaissances et Savoirs, 2017.

Y. Andruétan | Le son du silence