N°30 | Territoire

Amable Sablon du Corail
1515
Marignan
Paris, Tallandier, 2015
Amable Sablon du Corail, 1515, Tallandier

Du solide, complet, référencé sur une victoire fondatrice de l’histoire de France, importante pour un jeune roi, aux nombreuses conséquences continentales, qui a été instrumentalisée dès le lendemain et dont tous les écoliers ont longtemps pu donner la date. Il est rare que l’on puisse envisager qu’un ouvrage soit (presque) « définitif » sur un sujet. Tel est pourtant le cas ici, avec une étude d’ensemble non seulement sur la bataille elle-même, mais aussi sur son environnement et ses conséquences. Amable Sablon du Corail nous propose en effet un livre complet. Il commence par nous présenter les deux protagonistes, la France et la Suisse, et leur armée, puis le cadre politique et militaire d’une Italie morcelée, où l’empereur romain germanique, le roi de France et le pape s’opposent. Le chapitre 5, qui traite de la question du coût de la guerre au xvie siècle, est particulièrement intéressant (on note en annexe une liste des compagnies soldées par François Ier). Vient ensuite le récit détaillé de la campagne du roi de France, qui s’ouvre sur un passage des Alpes et voit l’implication croissante des cantons suisses les plus hostiles à François Ier, alors que leur situation se dégrade dans le duché de Milan où ils soutiennent le jeune duc Sforza. Tandis que les alliances se nouent et se dénouent, que bourgeois et militaires se disputent, le roi de France négocie avec certains Suisses et parvient à rompre le front uni de ses ennemis. Après l’occupation de Milan par les troupes « françaises » (pour l’essentiel des mercenaires), la bataille devient inévitable. Longue, meurtrière, terrible au regard des critères de l’époque, elle est pour François Ier une sorte de victoire à la Pyrrhus. Il achève bien la conquête du duché de Milan, prépare une alliance durable avec les cantons suisses, mais se heurte désormais frontalement aux Habsbourg et sera bientôt défait (et fait prisonnier) à Pavie. Et n’oublions pas cette première leçon de la bataille : « À la guerre, trois choses sont absolument nécessaires, premièrement de l’argent, secondement de l’argent, troisièmement de l’argent. » Grande constante dans l’histoire : « Plus que les charges de cavalerie à Marignan, ce fut la capacité des Français à trouver les sommes colossales nécessaires au paiement comptant des insatiables lansquenets qui ont emporté la décision. » Un livre majeur, indispensable pour quiconque s’intéresse à la période ou souhaite en avoir la compréhension la plus large.

PTE

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