N°32 | Le soldat augmenté ?

Didier Danet

Performance et ressources humaines

Longtemps cantonné au domaine du mythe et des légendes, Icare ou le Golem parmi d’autres, ou de la science-fiction, comme Terminator ou Avatar, l’homme augmenté est aujourd’hui une réalité1 et, plus encore, un fait de société2.

Les performances sportives d’Oscar Pistorius remettent en cause la frontière entre sportifs valides et handicapés, obligeant le tribunal arbitral du sport à intervenir afin de trancher le point de savoir s’il convenait ou non d’assimiler les prothèses du coureur sud-africain à une aide technique illicite, comparable aux chaussures épaisses du sauteur en hauteur Yuri Stepanov, interdites car considérées comme « un tremplin miniaturisé et portatif ». La réponse, finalement négative, était d’autant plus discutée que plusieurs rapports d’experts avaient tranché dans des sens différents, certains jugeant que les lames de carbone utilisées par Pistorius lui apportaient un avantage non négligeable tandis que d’autres, dont l’impartialité pouvait être questionnée, estimaient le contraire. Aimée Mullins, atteinte du même handicap qu’Oscar Pistorius et elle aussi sportive accomplie, remet en cause une autre frontière, celle des canons de l’esthétique, puisqu’elle participe à des défilés de haute couture où ses prothèses sont mises en évidence, et lui permettent de moduler sa taille et son apparence à sa guise.

Au-delà de ces deux sportifs largement médiatisés, le cas de Neil Harbisson est plus intriguant encore puisque cet artiste anglais, daltonien de naissance, s’est équipé d’une caméra frontale directement reliée à la boîte crânienne qui lui permet non pas de voir les couleurs, mais d’entendre les vibrations sonores qui leur ont été conventionnellement associées. Dans ce cas, la démarche entreprise ne vise pas seulement à compenser une déficience par le recours aux meilleurs moyens technologiques disponibles, mais à créer de toutes pièces une aptitude encore inconnue de l’espèce humaine : entendre les couleurs.

D’une intervention prothétique compensant ou surcompensant une déficience biologique et permettant à son bénéficiaire de porter ses capacités au-delà des standards habituels à la création d’une aptitude étrangère à l’espèce humaine, le spectre de ce qu’il est convenu d’appeler le human enhancement se trouve rassemblé dans les cas de Pistorius, Mullins et Harbisson.

Cette ambition d’intervenir sur les corps afin d’améliorer les performances au-delà de ce dont la nature a pourvu chaque individu n’est assurément pas nouvelle. Elle prend cependant aujourd’hui une dimension particulière en raison des progrès spectaculaires de sciences et de techniques dont la convergence ouvre des perspectives radicalement nouvelles3. L’institution militaire ne saurait rester indifférente à un mouvement qui concerne le combattant aussi bien que le sportif ou l’artiste.

Est-il possible et souhaitable, voire légitime, de modifier le corps des soldats pour leur permettre de mieux faire face aux exigences de leurs missions, qu’il s’agisse de performances physiques, de gestion du stress ou de capacités de perception et d’analyse ? En quoi ces techniques du human enhancement ont-elles une réelle portée opérationnelle ? Sont-elles de nature à impulser une nouvelle articulation des hommes et des équipements dans le contexte de la robotisation du champ de bataille ? Les questions sont nombreuses. Nous nous proposons ici d’en aborder trois.

La première tient à la nécessaire délimitation des termes du sujet. Le human enhancement s’est imposé comme un thème de science-fiction autant que de science proprement dite. Les élucubrations les plus futuristes voisinent avec les approches les plus cliniques. Les partis pris idéologiques abondent, greffant sur des avancées scientifiques qu’ils enrôlent au service de thèses prédéfinies des visions souvent empreintes de nostalgie pour une supposée « nature humaine » en voie de dépérissement ou bien encore d’un darwinisme spencérien éculé. En bref, les forces armées ne sauraient prendre à bras-le-corps la question du soldat augmenté sans se garantir contre les dérives qui la guettent par une approche rationnelle de la définition et des frontières de l’objet d’étude.

La deuxième est celle, classique, du rapport de l’homme à la technique sur le champ de bataille4. Les forces armées occidentales ont longtemps privilégié les progrès des systèmes d’armes et des équipements comme moyen de développer leur supériorité sur le terrain. Or les techniques d’augmentation permettent d’envisager le relâchement des limites inhérentes à la personne des combattants que l’on pourrait rendre plus résistants à la fatigue, plus maîtres d’eux-mêmes face aux actions de l’ennemi, voire capables de percevoir de nouveaux types de signaux… De ce fait, le niveau de performance global des forces armées pourrait bénéficier des améliorations réalisées sur la ressource humaine autant que sur la ressource technique. Le soldat augmenté retrouverait ainsi la place centrale qui était la sienne avant que les progrès de la robotique militaire n’incitent à faire de lui le contrôleur de boucles de décision dont l’acteur majeur tendait à devenir la machine elle-même.

Enfin, le développement et la banalisation des techniques d’augmentation humaine appellent à une réflexion sur les usages sociaux qui en seront faits, et les nécessaires politiques et mécanismes de régulation qui devront être mis en place. De multiples dérives individuelles ou collectives se constatent déjà dans des secteurs où l’enjeu de la performance est exacerbé. Ainsi, dans le domaine sportif, les cas de dopage sont récurrents (le cyclisme et l’athlétisme pour les plus connus), mettant en cause des équipes ou des nations et pas seulement des individus isolés. Moins connu, le phénomène existe également dans les entreprises et le système éducatif. Le haut niveau d’exigence qui pèse sur les combattants doit conduire à réfléchir dès aujourd’hui aux limites que l’institution militaire entend poser si elle veut instaurer un cadre d’emploi des techniques d’augmentation qui soit conforme à ses valeurs et à ses principes.

  • Le soldat augmenté, entre fantasmes et réalité opérationnelle

Plus que jamais, la définition des termes du sujet et la délimitation du champ d’étude doivent faire l’objet d’un examen attentif tant la question du human enhancement est entourée de fantasmes, d’idéologie, de confusions en tout genre. Des délires transhumanistes les plus contemporains à l’eugénisme le plus archaïque ou à l’éternelle quête du philtre de jouvence, le terme est associé à un foisonnement de techniques, de pratiques, de théories qui produisent un fatras mystico-culturel, un ésotérisme d’auberge espagnole où règnent des prophètes et des gourous qui seraient souvent risibles s’ils ne disposaient pas des milliards de l’industrie californienne pour mener leurs programmes de « recherche » et leurs campagnes d’endoctrinement.

Si le human enhancement doit retenir l’attention des forces armées, c’est dans la définition qu’en donne Alfred Nordmann dans un rapport rédigé pour la Commission européenne. La notion d’augmentation s’entend de « toute modification visant à améliorer la performance humaine et permise par des interventions sur le corps humain fondées sur des principes scientifiques et technologiques »5.

Pour les forces armées, la question n’est pas tant de savoir si, à partir de 2030, elles remplaceront leurs troupes par des super-ordinateurs dans lesquels auront été transplantées des identités humaines, mais de prendre la mesure et, le cas échéant, de tirer parti des perspectives ouvertes par la convergence des progrès enregistrés dans les nanotechnologies, la médecine, les sciences cognitives, l’intelligence artificielle…

Trois critères doivent donc être cumulativement réunis pour que la réflexion sur le human enhancement ne s’engage pas dans des voies sans issue : une pratique (l’intervention sur le corps humain) qui s’inscrit dans une démarche techno-scientifique (soumise aux exigences épistémologiques) et qui vise à un résultat (porter les performances d’un individu au-delà des capacités standard de l’être humain). Chacun de ces trois critères permet de dresser des digues contre les vagues d’élucubrations qui ont envahi l’espace médiatique et culturel durant la dernière décennie.

  • L’intervention sur le corps humain

Dans la longue liste des pratiques visant à augmenter les performances de l’être humain en général et du combattant ou du guerrier en particulier, le human enhancement isole une catégorie particulière, celle des interventions qui portent directement sur le corps humain et qui visent à le modifier pour le doter de capacités spécifiques.

Au sens étroit, le human enhancement se définit donc comme une anthropotechnie, c’est-à-dire « l’art ou la technique de transformation extra-médicale de l’être humain par intervention sur son corps »6. Contrairement à la médecine où la relation médecin/patient se noue dans l’urgence d’apporter au second les soins qui lui permettront de retrouver un état de santé dégradé par la survenance d’une maladie ou d’un accident, l’anthropotechnie a pour ambition de répondre à une demande de modification des caractéristiques de l’individu en dehors de tout contexte curatif7. La médecine s’efforce de lutter contre les pathologies qui frappent le malade pour l’en délivrer et lui permettre de retrouver un état de santé normal. L’anthropotechnie lui permet de satisfaire l’envie de se dépasser lui-même et, le cas échéant, les autres, en accédant à un niveau de performance supérieur qui pourra lui conférer un avantage dans le domaine de la vie professionnelle, du sport (dopage), des relations sociales (chirurgie esthétique) ou de tout autre champ de la vie en collectivité.

Certaines pratiques anthropotechniques se trouvent en parfaite contradiction avec les principes et la finalité de la médecine. Ainsi, le sportif qui accepte de se gaver de stéroïdes anabolisants obtient une augmentation de sa masse musculaire, parfois au-delà de toute norme humaine, mais compromet lourdement sa santé : hypertension artérielle, lésions hépatiques, malformations cardiaques… À l’inverse, il peut exister des liens de proximité entre médecine et anthropotechnie8. Les mêmes progrès de la technique qui permettent de faire face à des pathologies plus ou moins handicapantes (une vue insuffisante, l’amputation d’une jambe, une anxiété maladive…) peuvent être sollicités pour permettre à un individu d’augmenter ses performances au-delà des normes communes. Le plus souvent, les technologies seront « duales » et pourront servir concomitamment les ambitions de la médecine et de l’anthropotechnie.

Il est également difficile de séparer nettement l’anthropotechnie de l’appareillage. En principe, la première suppose une intervention sur le corps, intervention qui en modifie temporairement ou définitivement certaines caractéristiques internes – structure anatomique, composition chimique… À l’inverse, l’appareillage demeure un artefact externe qui équipe l’individu dont il ne transforme pas le corps. L’armure du Moyen Âge ou l’exosquelette contemporain se « chaussent » et se retirent une fois leur office rempli. Les appareillages, aussi perfectionnés soient-ils, demeurent extérieurs au combattant. Ils devraient donc faire l’objet d’approches complémentaires mais distinctes. Ici aussi cependant, la frontière est difficile à établir, notamment du fait de la généralisation d’« objets technologiques communicants, qui se reconnaissent, se localisent, s’organisent en réseaux ad hoc, et ceci sans action particulière de l’utilisateur ». La généralisation des « dispositifs persuasifs » donne naissance à un homme augmenté intégré dans des systèmes de plus en plus hybrides où la cognition est répartie au sein de l’ensemble homme/machine. La distinction entre le corps et son environnement est donc appelée à s’effacer, ce qui rend la limite entre l’anthropotechnie et l’appareillage plus difficile à définir.

Par le brouillage des frontières auquel il contribue, le human enhancement doit être considéré comme le cœur d’un certain nombre d’évolutions qui affectent les forces armées et qui doivent désormais être envisagées comme faisant système. Il n’en reste pas moins que l’étude du soldat augmenté doit prendre pour point de départ les techniques d’intervention sur le corps humain.

  • Une démarche techno-scientifique

On ne saurait être plus trivial en écrivant que l’omniprésence de la mort dans les guerres ou la confrontation avec des situations qui dépassent l’entendement humain poussent les combattants de tous temps et de toutes origines à chercher une forme de réconfort et de motivation dans des pratiques surnaturelles qui sont supposées leur conférer des pouvoirs extraordinaires aussi bien qu’une totale invulnérabilité face aux coups de leurs adversaires. Des Berserkers islandais dont les transes leur laissaient accroire que leurs forces étaient décuplées et qu’ils pouvaient traverser le feu, aux soldats de Jeanne d’Arc galvanisés par la personnalité de leur chef ou aux groupes armés que l’on rencontre aujourd’hui en Afrique centrale, chaque époque a connu les mêmes phénomènes d’irrationalité propres au temps de guerre : sorcellerie, fétichisme, croyance, superstition… Jean-Yves Le Naour rappelle le foisonnement des pratiques magiques dans les tranchées de la Grande Guerre : amulettes et gris-gris des tirailleurs africains, sachets de pollen cousus dans l’uniforme des soldats du Wurtemberg, chaînes de prière recopiées en neuf exemplaires, billet de métro aller-retour pris à la station Combat et poinçonné uniquement à l’aller9

Peu importe la qualification de ces exutoires surnaturels. Ils ont en commun d’échapper aux exigences de méthode qui fondent la démarche scientifique : expérimentation, réfutabilité, vérification en double aveugle… Ils n’offrent pas de prise au progrès des sciences et des techniques, et ne peuvent, à ce titre, entrer dans le champ du Human Enhancement.

  • La quête de performance

Dès le début des années 1990, Alain Ehrenberg montrait que la vie en société se trouvait sous l’emprise croisée de deux cultures, entrepreneuriale et athlétique, dont les principaux moteurs étaient la mode du sport, le poids croissant de l’entreprise comme cellule de base de la vie sociale, la glorification de la réussite matérielle et financière, et l’omniprésence de l’aventure comme modèle d’accomplissement humain10. Cette combinaison d’un modèle d’action collective (l’entreprise) et d’une injonction de vie (individuelle, centrée sur l’effort et le résultat mesurable) s’accomplit dans la notion de performance, devenue le concept central de la gestion des entreprises puis, par extension, du management des services publics, au premier rang desquels les forces armées, désormais soumises à la double injonction de l’efficacité et de l’efficience.

Augmenter le combattant doit alors être envisagé comme l’une des déclinaisons de l’idéologie de la performance. Elle est le complément au plan individuel des politiques et des pratiques managériales visant à dégraisser les structures, à créer les incitations adéquates, à contrôler les résultats obtenus en vue d’un seul et même objectif : améliorer la performance globale de l’organisation. Grâce aux techniques du human enhancement, l’individu sommé d’être performant peut s’affranchir de certaines des limites qui sont les siennes dès lors qu’il accepte, spontanément ou sous la contrainte institutionnelle, de se soumettre aux interventions destinées à le doter des capacités requises pour accomplir au mieux des ressources disponibles les missions que l’on entend lui confier.

Au sens strict, le human enhancement s’entend bien d’une volonté d’augmentation des performances allant au-delà des standards de l’espèce humaine. Il s’agit de porter des capacités existantes à un niveau inconnu en matière d’effort physique (vitesse, endurance, charge…), mais aussi psychologique (maîtrise de la peur, résistance à la douleur…) ou intellectuelle (capacité de perception, d’analyse, de décision, de communication…). Il concerne donc tous les acteurs des forces armées, du fantassin au chef d’état-major. Il répond à un besoin permanent et universel : « Augmenter les capacités de perception, d’action, et la survie des soldats par l’amélioration de leurs capacités techniques (protection, agression, communication, observation…), physiques et cognitives11. »

Dans une version plus audacieuse, il peut également s’agir de doter les combattants de capacités qui sont naturellement étrangères à l’espèce humaine et que les techniques d’appareillage rendent peu ou pas praticables pour des raisons diverses : complexité, poids, énergie… On pourrait songer par exemple à donner aux hommes sur le terrain des capacités de vision dans l’infrarouge ou de perception des ultrasons. Ces combattants augmentés disposeraient ainsi d’un avantage certain sur leurs adversaires.

Mais, plus banalement, le human enhancement visera sans doute dans un premier temps à éviter la dégradation trop rapide ou trop brutale des capacités actuelles des combattants. De nombreux travaux ont déjà tracé la voie, par exemple en ce qui concerne la gestion du sommeil en opération. Le National Training Center (États-Unis) s’est ainsi attaché à mesurer l’effet de la privation de sommeil sur les aptitudes physiques et cognitives des soldats et des commandants d’unités élémentaires. Sans grande surprise, les combattants n’ayant pas dormi pendant quatre ou cinq jours perdent une grande partie de leur efficacité opérationnelle : moindre conscience situationnelle, perte d’adaptabilité et d’agilité cognitive, dégradation de la capacité à anticiper une situation… Or les conditions dans lesquelles se déroulent les opérations militaires sont le plus souvent préjudiciables à un sommeil réparateur : manque de confort des campements, préparation et temps de transport, changements de fuseaux horaires12… Des techniques permettant aux soldats de conserver toutes leurs facultés seraient donc du plus grand intérêt opérationnel. L’arrivée de la « pilule miracle » grâce à laquelle les combattants des forces armées occidentales vont pouvoir combattre sans dormir est d’ailleurs annoncée avec tellement de régularité qu’elle constitue un marronnier de la presse spécialisée.

Au total, l’engouement que l’on constate parfois pour la thématique du soldat augmenté doit être quelque peu relativisé. Il n’est certes pas question de nier que des progrès techniques spectaculaires et convergents vont ouvrir des perspectives assez largement inédites en matière d’augmentation des capacités de l’homme au combat. Pour autant, le processus de décantation reste encore à accomplir qui permettra de faire la part des fantasmes et des avancées susceptibles d’avoir une réelle portée opérationnelle. La réflexion à partir des trois critères énoncés précédemment nous semble de nature à y contribuer. Surtout, la réflexion sur le soldat augmenté doit s’inscrire dans la problématique tout à fait classique de l’intégration du progrès technique dans la manière de concevoir et de conduire l’action des forces armées. À cet égard, l’attrait du « soldat augmenté » ressemble par bien des côtés à celui qui avait conduit à faire de la supériorité technologique le nœud de la puissance militaire dans les années 1980. Il conviendrait de ne pas oublier que cette supériorité technologique des forces occidentales est aujourd’hui tenue en échec sur bien des terrains. La manière dont les armées vont tirer parti des opportunités offertes par le human enhancement pour revoir l’équilibre actuel des ressources qu’elles emploient est donc centrale dans la réflexion sur le soldat augmenté.

  • Soldat augmenté et performance économique des forces armées

Avec le déferlement des thèses du « nouveau management public », les grands services de l’État sont désormais considérés comme des organisations productives qui doivent justifier leur existence de la même manière que les entreprises en établissant la preuve de leur efficacité et de leur efficience. Le ministère de la Défense n’échappe pas à la logique de la performance. Bien au contraire, il est même souvent le fer de lance de ces nouveaux discours managériaux que l’émergence et le développement du Human Enhancement ne sauraient laisser indifférents.

  • La portée du human enhancement sur la fonction de production militaire

Dans leurs différentes acceptions, plus ou moins futuristes, les applications du human enhancement dans le domaine militaire soulèvent un grand nombre d’interrogations et de débats d’ordres très divers. Ces derniers sont particulièrement nourris pour ce qui touche à la dimension éthique13. Beaucoup plus rares sont les travaux qui analysent ces applications sous l’angle de leur contribution à la performance globale des forces armées.

Comme on le sait, la fonction de production est cette relation qui s’établit entre les facteurs utilisés comme inputs (généralement le capital et le travail) et la quantité de produit ou de service obtenu en output par l’organisation. L’histoire militaire est celle d’une transformation constante de cette fonction sous l’influence du progrès technique (qui accroît l’efficacité du facteur capital) tandis que le facteur humain demeure globalement d’une plus grande stabilité. Sans doute un meilleur niveau de formation générale et professionnelle, une santé plus robuste, un moral mieux affermi ont pu contribuer à une plus grande efficacité des ressources humaines au sein de la fonction de production.

Mais ces améliorations ne présentent pas le caractère cumulatif du progrès technique et ne sont pas aussi substantielles que les gains de productivité engendrés par les innovations de la recherche et le développement des techniques de l’armement. Autrement dit, dans la combinaison des facteurs capital et travail qui sont mobilisés par l’institution militaire pour les besoins de son action, l’homme est le « maillon faible » du système d’armes. Les gains de productivité viennent en grande partie des équipements et non pas de la main-d’œuvre. Celle-ci demeure soumise à des limitations physiques, cognitives ou psychologiques. Les bornes des mécanismes de perception et d’analyse de l’être humain, son endurance limitée dans des univers un tant soit peu hostiles et ses inégales aptitudes à l’analyse des situations complexes en font un facteur limitatif dans de nombreuses hypothèses : charge utile limitée pour les troupes à pied, contraintes physiologiques dans la conception des avions de chasse…

Il était donc logique que la tendance lourde en matière de fonction de production militaire se caractérisât par une substitution du facteur capital au facteur travail et par une augmentation constante du poids relatif de l’équipement dans la combinaison productive des grandes armées occidentales. Confrontées à une ressource rare, chère, fragile et dont les gains de productivité étaient limités, les forces armées trouvaient dans une technologie toujours plus performante un moyen d’économiser la main-d’œuvre, notamment dans les missions caractérisées par l’ennui, un environnement hostile ou une dangerosité exceptionnelle14.

C’est ainsi qu’ont été conçues et développées des machines permettant d’éloigner l’homme de la zone de danger immédiat et de préserver la ressource humaine (robots démineurs, drones…). Certes, cette substitution du capital au travail a pu être critiquée au motif qu’elle aboutissait à une forme de « tentation technologiste », à un déséquilibre entre les hommes et les équipements, les performances unitaires et les volumes disponibles15… Nul ne contestera que la loi des rendements décroissants s’applique au monde militaire comme au monde civil. Il n’empêche que, sur le fond et sous réserve de l’examen des coûts de production, l’inégale croissance de la productivité des facteurs induit inévitablement le remplacement du moins productif par le plus productif, traditionnellement des hommes par les équipements.

C’est cette tendance séculaire et universelle, dans les pays développés du moins, que le human enhancement remet en cause. Grâce aux techniques précédemment évoquées, l’institution militaire peut escompter une modification significative des conditions dans lesquelles s’opère le choix de sa fonction de production. La productivité du facteur travail est susceptible de connaître des progrès aussi spectaculaires que celle du facteur capital. La correction de certaines imperfections naturelles, la possibilité de réparer les dommages physiques causés par le combat, la plus grande durabilité des capacités individuelles dans des situations difficiles, la possibilité de renforcer des capacités au-delà des standards habituels, voire de donner des aptitudes nouvelles à des individus, vont modifier substantiellement les conditions du calcul économique de la performance.

D’une part, les viviers de ressources disponibles sont susceptibles de s’accroître dans des proportions importantes. Que l’on songe, par exemple, aux conséquences des progrès de la chirurgie ophtalmique sur la gestion des emplois réservés aux personnels dont l’acuité visuelle est excellente. S’il est possible de corriger la myopie, voire de doter un grand nombre d’individus de facultés visuelles allant au-delà de la norme exigée comme seuil d’entrée dans ces emplois, le réservoir des ressources s’élargira et il deviendra possible de faire porter la sélection sur des aptitudes qui ne sont plus seulement des conditions physiques minimales mais sur d’autres plus essentielles pour la réussite dans l’emploi, les capacités psychologiques et les aptitudes cognitives notamment.

D’autre part, l’investissement nécessaire pour obtenir des gains de productivité du facteur humain sera probablement, au moins dans un premier temps, moindre que celui nécessaire pour obtenir des gains comparables dans la productivité du facteur capital. Il est permis de penser que le human enhancement en étant encore à ses débuts, les efforts se concentreront dans un premier temps sur les domaines où les avancées seront rapides, faciles et spectaculaires. Des gains de productivité seront possibles moyennant des efforts et des coûts limités. La performance globale de l’institution militaire sera plus affectée par l’allocation de crédits à la recherche sur la productivité du facteur humain que sur celle du facteur capital. Un certain déplacement dans l’allocation des crédits de recherche et développement est donc à attendre dans les années à venir.

En permettant ainsi aux forces armées de faire jouer le progrès scientifique sur les deux facteurs qui déterminent l’efficacité de la production et non plus seulement sur le seul facteur capital, le human enhancement contribue à relâcher les tensions existant aujourd’hui sur la ressource rare et fragile qu’est le facteur travail.

  • Les conséquences sur l’action globale des forces armées

La diminution des effectifs militaires, notamment des forces terrestres, combinée avec un nombre important d’opérations extérieures, induit une forte tension quantitative dans l’emploi des hommes sur le terrain. « Pilotes et mécaniciens sont aux limites », écrivait par exemple Nathalie Guibert dans Le Monde du 10 décembre 2014. En déplaçant le curseur de ce qui est « normal » et de ce qui est « exceptionnel », l’augmentation des combattants produit un effet capacitaire. Les mêmes hommes sont disponibles plus longtemps, et leur niveau de performance individuel et collectif est plus élevé. À effectif égal, l’institution peut remplir davantage de missions. La capacité d’action d’une même entité et son niveau de performance économique s’en trouvent démultipliés.

De même, le renforcement des capacités physiques et intellectuelles du soldat augmenté doit lui permettre de faire face à des situations périlleuses avec des chances accrues de succès : plus grande capacité d’attention et d’information face à la complexité et au brouillard de la guerre, lucidité accrue dans la prise de décision, moindre fatigue au moment de l’engagement…

Le human enhancement propose sur ce terrain des solutions qu’il sera difficile de lui préférer. Il n’en existe guère que deux.

La première serait l’acceptation du goulet d’étranglement constitué par les limites de la ressource humaine dans la mise en œuvre de l’action globale des forces. Le rejet des solutions offertes par les techniques d’augmentation des combattants peut toujours être envisagé, pour des raisons éthiques ou légales par exemple. Il conduirait cependant à pérenniser la situation actuelle de tension extrême sur les ressources humaines dont disposent les armées. Si l’on postule que les menaces ne sont pas susceptibles de disparaître ou de diminuer fortement dans les années à venir et que la tendance à la diminution des effectifs ne se renversera pas, cette tension ne fera que s’accroître. Les pouvoirs publics seront en outre confrontés à une demande sociale grandissante, de la part des militaires et de l’opinion publique, pour doter les forces armées des moyens susceptibles de les aider à accomplir leurs missions. On pourrait même imaginer que des recours contentieux puissent être mis en œuvre si, à la suite d’opérations de combat, les soldats soutenaient que les techniques d’augmentation disponibles mais rejetées par l’institution auraient été en mesure de contribuer à la limitation des pertes et des préjudices.

La seconde solution pouvant concurrencer le human enhancement est l’accroissement de l’effort portant sur l’équipement des combattants. C’est la tendance choisie par les armées occidentales, et il est permis de penser que les sciences et les techniques de l’armement ont encore des marges très importantes de progression et d’innovation devant elles. Mais, comme cela a déjà été souligné, il est fortement vraisemblable qu’une solution qui tend à porter l’effort de productivité sur un seul des deux facteurs sera moins efficace qu’une solution dans laquelle l’effort se porte sur les deux à la fois, et ce d’autant que les techniques d’augmentation se trouvant à l’orée de leur développement, il est permis d’en attendre beaucoup.

Les forces armées vont probablement devoir réexaminer en profondeur les équilibres actuels en ce qui concerne leur fonction de production, c’est-à-dire la manière dont elles articulent le facteur capital et le facteur travail, les ressources en équipement et les ressources humaines. La perspective de gains inédits dans la productivité du facteur travail remet en cause la tendance lourde à l’accroissement indéfini du premier par rapport au second. Cela ne signifie bien évidemment pas la fin de la recherche et du développement des sciences et techniques de l’armement. Mais ceci devra s’accommoder d’une augmentation substantielle de l’effort consenti pour développer les solutions de human enhancement dont il est permis d’attendre une amélioration significative de la performance globale des forces armées.

  • Le soldat augmenté et la politique rh

De telles perspectives font que la question n’est pas de savoir s’il faut ou non s’engager dans la voie ouverte par le human enhancement, mais comment encadrer ce processus qui adviendra nécessairement. Nulle armée ne pourra se passer des possibilités offertes d’élargir ses viviers de recrutement, de renforcer les aptitudes physiques ou mentales de ses hommes, de doter certaines forces de capacités leur assurant un avantage spécifique pour la réalisation d’une mission. Les forces armées doivent donc se préparer à revoir en profondeur les différentes politiques ayant pour objet la gestion des ressources humaines.

Or elles doivent également se préoccuper de la tentation qui ne manquera pas de se manifester chez les individus eux-mêmes. De nombreuses études font état du fait que, dans des domaines variés, les personnes soumises à des exigences de performance élevées n’hésitent pas à recourir d’elles-mêmes à des produits qui sont supposés leur permettre de « rester dans la course ». Le monde militaire ne saurait être exempt de cette tentation dès lors que les techniques d’augmentation se banaliseront et que leur coût diminuera en proportion.

  • Prévenir les dérives individuelles

Nos sociétés vivent incontestablement à l’heure de la performance. Il n’est donc pas surprenant de voir se répandre l’usage de substances addictives visant à renforcer la mémoire, à donner du tonus, à favoriser la concentration, à accroître la force musculaire et l’endurance… Dans certains cas, ces substances sont parfaitement légales et le plus souvent inefficaces mais inoffensives. Dans d’autres, cependant, il s’agit de substances dont les effets sont réels mais qui sont prohibées pour des raisons de santé publique, par crainte des effets sur les utilisateurs ou par souci de l’égalité des compétiteurs et de l’éthique du sport. La liste sans cesse remise à jour des substances et des pratiques interdites par l’Agence mondiale antidopage (ama) donne malheureusement une bonne idée de ce que les individus sont prêts à accepter pour obtenir une victoire dans des compétitions de tous niveaux : stéroïdes anabolisants, amphétamines et autres stimulants, narcotiques et bêtabloquants, dopage du sang, thérapie génique16… Les effets de ces pratiques sur la santé sont tout aussi connus et assumés par les individus qui s’y livrent : modifications incontrôlées de la pression sanguine, crises cardiaques, risques respiratoires, inhibition du jugement, troubles de la vision, pertes de mémoire, crises d’angoisse, apathie…

On peut donc légitimement craindre que ces comportements ne fassent que préfigurer les attitudes individuelles qui ne manqueront pas de survenir avec les progrès des techniques et des produits du human enhancement. Les militaires auraient d’autant moins de chances d’y échapper que la généralisation des guerres irrégulières les met aujourd’hui aux prises avec des pratiques qui s’affranchissent des règles minimales du droit des conflits armés et qui rendent ces conflits particulièrement éprouvants. Il sera dès lors tentant de rechercher dans des solutions existantes ou à venir les moyens de faire face tant physiquement que psychologiquement. Chacun disposant de ses propres limites et de ses propres valeurs, le recours à ces solutions sera inégalement réparti au sein des unités, et les cadres devront s’efforcer de prévenir, de détecter et de traiter les cas d’individus mettant en cause leur propre santé ainsi que la sécurité et l’intégrité de leurs camarades par suite de comportements inappropriés dus à l’emploi de techniques ou de substances susceptibles de nuire à l’efficacité du groupe en raison des effets liés à des pratiques dissimulées et incontrôlées d’augmentation17.

  • Revisiter les politiques de gestion des ressources humaines

Au-delà de la lutte contre les dérives individuelles qui ne manqueront pas de s’exprimer, les forces armées doivent surtout envisager le réexamen de certains des équilibres les plus anciens et les mieux ancrés de leur politique de ressources humaines. Le human enhancement déplace des frontières que l’on pouvait croire intangibles entre l’aptitude et l’inaptitude au service, le normal et l’exceptionnel, l’inné et l’acquis… Ces déplacements inédits dans l’histoire des armées doivent conduire à s’interroger sur leur portée au regard des différents processus de gestion de la ressource humaine : sélectionner et recruter des personnels, les former et les entraîner, les affecter à un poste, les gérer en mission, les traiter en cas de blessure… Nous ne prendrons que quelques exemples pour illustrer la nécessité de ce réexamen.

La sélection et le recrutement des militaires de tous niveaux s’appuient sur une évaluation multicritères qui combine les aptitudes physiques, les caractéristiques psychologiques, les compétences professionnelles… Certaines caractéristiques physiques ou psychologiques peuvent présenter une importance particulière soit pour la réussite dans certaines missions, soit pour interdire l’accès à certains types d’emplois. Dès lors que les techniques d’augmentation permettront de résorber certaines faiblesses, de contrôler certains états, voire de porter l’aptitude du candidat au-delà des niveaux considérés aujourd’hui comme des standards humains, ces critères de sélection devront être revus. Dès aujourd’hui, les progrès de la chirurgie ophtalmique permettent de corriger les défauts de vision au point de doter un individu d’une acuité visuelle considérée naguère comme tout à fait exceptionnelle, c’est-à-dire supérieure à 12/10. Les forces armées ne sauraient maintenir en l’état les critères de sélection sans se priver d’une ressource non négligeable et sans saisir l’opportunité de réduire les coûts de formation et d’entraînement.

En opérations, toutes les forces armées terrestres cherchent à augmenter les capacités physiques, psychologiques et intellectuelles de leurs soldats afin de diminuer la mortalité au combat. Le human enhancement permet d’agir sur tous ces plans. Les performances physiques pourront être accrues de manière scientifique : résistance et rusticité, vitesse, endurance à la fatigue et au sommeil, temps de récupération réduit… Il en ira de même des aptitudes à la perception de l’environnement et à la prise de décision dans des situations complexes ainsi que de la capacité à supporter le stress ou à gérer les émotions comme la peur au combat. L’ancienneté des pratiques dans ce domaine (par exemple, l’usage généralisé des amphétamines durant la Seconde Guerre mondiale) conjuguée avec les perspectives ouvertes par les progrès scientifiques et techniques actuels doit conduire à définir une politique explicite, conforme aux lois et à l’éthique, et connue des intéressés.

Les progrès de la médecine de guerre permettent aujourd’hui de sauver des blessés qui seraient morts il y a quelques décennies. La contrepartie inévitable de cette préservation des vies humaines est l’augmentation du nombre de blessés atteints de handicaps qui les rendent aujourd’hui inaptes au service. Mais, ici encore, les perspectives ouvertes par les techniques prothétiques permettent d’envisager que ceux qui seront équipés puissent retrouver des capacités égales, voire supérieures, à celles d’un homme dit « valide ». C’est du moins la prédiction de Hugh Herr, chercheur en bio-mécatronique du mit, lui-même amputé des deux jambes, mais qui a retrouvé la possibilité de se livrer à sa passion, la varappe, grâce aux prothèses évoluées dont il est l’inventeur18. La question de l’aptitude au service de personnels ayant subi des traumatismes même sévères sera posée de manière nouvelle. Les mêmes progrès scientifiques et techniques pourraient s’appliquer au traitement des « blessures invisibles », c’est-à-dire aux troubles psychologiques subis par certains combattants19.

  • Conclusion

Une fois le phénomène du human enhancement débarrassé de la part des fantasmes qui l’encombre, la convergence de disciplines scientifiques telles que la médecine, les bio et les nanotechnologies, l’intelligence artificielle et les sciences cognitives laisse entrevoir une modification substantielle des équilibres qui prévalent aujourd’hui dans le choix de la combinaison productive (travail et capital) et qui déterminent la performance économique globale de l’institution militaire.

La recherche de supériorité des armées occidentales s’est longtemps fondée sur les avancées des sciences et des techniques de l’armement, et les progrès cumulatifs qu’elles permettaient de réaliser. Au sein des systèmes d’armes toujours plus sophistiqués dont ces armées disposaient, l’homme pouvait apparaître comme le maillon faible. Dans les dernières décennies, ses limites physiques et intellectuelles ont contribué au développement de la robotisation du champ de bataille et de possibles systèmes d’armes létaux autonomes dont l’ambition ultime serait de placer le combattant on the loop, voire out of the loop.

Avec les techniques du human enhancement, le facteur humain est replacé au cœur de l’action des forces armées. Il redevient une source de performance d’autant plus importante que l’augmentation de ses aptitudes physiques, psychologiques ou cognitives n’est plus un processus long, vaguement mystérieux et aléatoire, mais devient elle aussi cumulative et généralisable. L’homme y perd peut-être un peu de sa supposée « nature », mais y gagne incontestablement un surcroît de maîtrise de cette activité sociopolitique qu’est le conflit armé. Concrètement, cette transformation essentielle constitue une invitation pour les forces armées à réviser certaines de leurs politiques d’emploi de la ressource humaine, qu’il s’agisse de la sélection et du recrutement, de la formation, de l’emploi sur le terrain ou du traitement des blessés de guerre.

1 P.-Y. Cusset, « Les technologies d’amélioration des capacités humaines », La Note d’analyse, vol. 310, Centre d’analyse stratégique.

2 N. Le Dévédec, « Retour vers le futur transhumaniste », Esprit, 2015 (11), et N. Le Dévédec et F. Guis, « L’humain augmenté, un enjeu social », SociologieS, 2013, sociologies.revues.org/4409 ?lang=en.

3 G. Wolbring, « Why nbic ? Why Human Performance Enhancement », Innovation: The European Journal of Social Science Research n° 21, 2008.

4 J. Henrotin, « Le retour du chevalier ? Une vision critique de l’évolution bionique du combattant », Hermes n° 8, 2009.

5 A. Nordmann, Converging Technologies. Shaping the Future of European Societies, Bruxelles, European Commission, Directorate K2.

6 B. Claverie, V. Lespinet-Najib, P. Fouillat, « Pervasion, transparence et cognition augmentée », Revue des interactions humaines médiatisées n° 10, 2009.

7 J. Goffette, Naissance de l’anthropotechnie : de la médecine au modelage de l’humain, Paris, Vrin, 2006.

8 L. Bourdon, « Aptitude au métier des armes. Les perspectives ouvertes par l’anthropotechnie », DSI n° 45 (hors-série), 2015.

9 J.-Y. Le Naour, Nostradamus s’en va-t-en guerre, 1914-1918, Paris, Hachette, 2008.

10 A. Ehrenberg, Le Culte de la performance, Paris, Calmann-Lévy, 1994.

11 T. Noizet, « Le soldat augmenté : quel intérêt pour les forces ? », DSI n° 45 (hors-série), 2015.

12 A.L. Peterson, J.L. Goodie, W.A. Satterfield et W.L. Brim, « Sleep Disturbance During Military Deployment, Military Medicine n° 173 (3), 2008.

13 G. Lucas, « L’Éthique biomédicale part en guerre », DSI n° 45 (hors-série), 2015.

14 D. Danet, J.-P. Hanon et G. de Boisboissel, « La robotisation du champ de bataille : évolution ou robolution ? », La Guerre robotisée, Paris, Economica, 2012.

15 V. Desportes, « Armées : “technologisme” ou “juste technologie” ? », Politique étrangère n° 2, 2009.

16 Voir, par exemple la liste des substances et pratiques interdites par l’Agence mondiale antidopage wada-main-prod.s3.amazonaws.com/resources/files/wada-2015-prohibited-list-en.pdf

17 C. Weber, « Le soldat est-il prêt à se faire augmenter ? », DSI n° 45 (hors-série), 2015.

18 A.M. Dollar et H. Heer, « Lower Extremity Exoskeletons and Active Orthoses: Challenges and Stats-of-the-Art », Robotic, IEEE Transactions on n° 24 (1), 2008.

19 A. Rizzo, T. Parsons and al, « Virtual Reality Goes to War. A brief Review of the Future of Military Behavioral Healthcare », Journal of Clinical Psychology in Medical Settings n° 18 (2), 2011.

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