N°42 | Guerre et cinéma

Philippe Desmette et Philippe Martin (sd)
Le Miracle de guerre dans la Chrétienté occidentale
Philippe Desmette et Philippe Martin (sd), Le Miracle de guerre dans la Chrétienté occidentale, Maisonneuve & Larose / Hémisphère

Sous la direction de Philippe Desmette et de Philippe Martin, cet ouvrage rassemble les contributions d’historiens belges et français qui ont exploré la place de la religion chrétienne dans la guerre à l’occasion d’un colloque organisé à Lyon et à Bruxelles en 2017. Avec le souci constant de ne pas entrer dans la discussion théologique, c’est la place du surnaturel dans la guerre qui fait plus précisément l’objet de cette riche étude, parcourant l’Occident entre le vie et le xxe siècle. Ainsi, passons-nous des litanies martiales carolingiennes invoquant Martin, Maurice ou l’archange Michel (« Les saints, la guerre et la victoire au début du Moyen Âge », par Charles Mériaux et Anne Wagner) aux apparitions mariales face aux poilus et au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Un effort de contextualisation sociale, politique et religieuse fait de cet ouvrage un outil précieux pour qui s’intéresse à une dimension de la guerre peu étudiée. À travers les différentes contributions, une ébauche de classement des manifestations divines sur les champs de bataille peut être discernée, principalement à travers l’usage qui en est fait. Ainsi, entre la « religion paratonnerre » et une véritable ferveur, nous est-il proposé d’y voir un outil de protection collective, pour une ville ou un royaume, ou personnelle, avec la dévotion à Notre-Dame des tranchées, par exemple, mais aussi un repère, un outil théologique et pédagogique, ou encore un moyen de propagande (“La représentation du Matamore dans les batailles de la Reconquista” par Julie Brunel). On peut citer en particulier l’essai d’historisation des miracles français de la Grande Guerre par François Cochet. Son approche repose sur une analyse politique et statistique permettant de découvrir les dissensions qui ont pu entourer certaines manifestations religieuses, sans négliger l’engagement physique des clercs et la recrudescence d’une piété populaire. Il appelle ainsi à ne pas confondre le miraculeux et le providentiel, en reprenant une phrase du maréchal Foch : « Il ne faut point à proprement parler dire le miracle de la Marne, le miracle de l’Yser, le miracle de la victoire. Ce serait diminuer le rôle immense de nos soldats. » Si définir la guerre peut être un exercice complexe, ce livre semble permettre de l’aborder par un de ses caractères : l’activité divine, telle qu’elle a pu être perçue et utilisée en Occident.


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