N°37 | Les enfants et la guerre

Claude Delesse
National Security Agency
L’histoire de la plus secrète des agences de renseignement
Paris, Tallandier, 2016
Claude Delesse, National Security Agency, Tallandier

Créée en 1952 la National Security Agency (nsa) s’arroge le droit de surveiller le monde entier sous prétexte de défendre et de protéger les intérêts des États-Unis. Recevant ses ordres de la Maison Blanche, elle espionne sans ambages des gouvernements soupçonnés de collusion avec le terrorisme, mais aussi des États alliés, y compris membres de l’otan. Des sociétés financières privées, mais aussi des particuliers, des élus américains et même des magistrats voient leurs conversations enregistrées et leurs échanges Internet surveillés. Les fournisseurs d’accès à Internet, les réseaux sociaux et les systèmes d’exploitation sont infiltrés et décryptés sans aucune autorisation officielle malgré les nombreux recours proposés par le Congrès. Une partie de la société civile américaine, soutenue par des élus du parti démocrate, se heurte de plus en plus ouvertement au gouvernement afin que les actions sécuritaires ne transgressent pas les fondamentales libertés de communication individuelles. Cependant, rejetant le contrôle parlementaire, l’agence refuse la transparence de ses activités en évoquant la sécurité nationale. En temps de guerre comme en temps de paix, la nsa alimente les données relatives à la sécurité intérieure ainsi qu’au contre-espionnage, et participe à la sécurisation des systèmes de décision et de commandement militaires. Elle collabore également à la protection de l’information. La modernisation de ses moyens de transmission, d’interception et de brouillage s’est accentuée avec les conflits contre le communisme puis contre le terrorisme menés au Vietnam, en Afghanistan et en Irak. Aujourd’hui, le cœur du métier de la nsa réside en la collecte de renseignements d’origine électromagnétique. Le contrôle du cyberespace reste également une préoccupation majeure afin d’anticiper les prochaines guerres électroniques mais aussi de lutter contre les hackers indépendants. Les événements dramatiques du 11 septembre 2001 ont été une opportunité pour la nsa dont les moyens auraient fortement été augmentés par l’administration Bush. Forte d’un budget estimé à plus de dix milliards de dollars alors que la cia n’en disposerait que de la moitié, l’agence compterait plus d’une dizaine de milliers de membres dans ses rangs. Contrairement au fbi et à la cia, son existence est restée peu connue jusqu’au début des années 1990. Ses abus, récemment révélés par un de ses agents, ont contribué à médiatiser son existence et à ternir sa réputation. Claude Delesse, auditrice de l’ihedn et directrice de recherche au Centre français de recherche sur le renseignement (cf2r), présente brillamment l’ampleur de l’action de la nsa qui reste encore méconnue des non-initiés.


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