N°45 | L'échec

Frédéric Jordan
Pour le succès des armes de la France
Frédéric Jordan, Pour le succès des armes de la France,

Avec sobriété et pertinence, le chef d’état-major des armées explique en introduction de cet ouvrage pourquoi il doit être lu : « Comprise depuis l’Antiquité comme une affaire humaine violente, la guerre exprime la volonté politique dans ce qu’elle a de plus extrême. Elle cadence l’évolution de l’humanité depuis la nuit des temps et doit inciter praticiens comme penseurs à raisonner sans cesse l’usage de la violence. Les militaires le savent bien, à la mieux connaître, avec la mesure des Anciens, il s’agit d’éviter la guerre au maximum. Sinon, lorsqu’elle n’est plus évitable, il faut y entrer avec pour unique but de vaincre, et non d’exterminer. » Le titre de ce livre reprend la fin de la belle formule d’investiture d’un commandement : « Pour le bien du service, l’exécution des règlements militaires et le succès des armes de la France ». Pour parvenir à ce succès, Frédéric Jordan, déjà auteur d’un ouvrage sur son engagement au Sahel, rappelle quelques définitions essentielles relatives à la guerre et à la conduite de celle-ci, avec leurs évolutions dans le temps long, et insiste dans une première partie sur la nécessité de penser la guerre. Il organise ensuite son propos en douze chapitres, qui abordent des thèmes particuliers : les principes de la guerre, la logistique, l’adaptation à l’ennemi, la formation, la remontée en puissance, la manœuvre… Il appuie son discours sur des exemples historiques choisis dans toutes les périodes. Pour l’emploi des réserves, il évoque la bataille de Fontenoy en 1745. Pour le facteur culturel, il fait référence aussi bien à Lénine qu’à Marc Bloch, mais aussi à Abdelkrim et à la guerre du Rif. Pour la défensive, il se fonde sur Joukov lors de la bataille de Koursk ou les Allemands en Normandie. La multiplication des exemples fait que certains pourront paraître plus ou moins pertinents aux yeux de certains, mais c’est la loi du genre et l’exercice est de haute tenue. L’histoire militaire est présente à toutes les pages, permettant de conclure que pour bien s’adapter aux futurs changements de paradigmes et à une instabilité permanente, « le besoin de connaître, de s’inspirer ou de relire les étapes ou les différents courants » de l’art de la guerre comme l’histoire des conflits est une nécessité.

PTE

1919-1921 | Jean-Yves Le Naour