N°36 | L’action militaire, quel sens aujourd’hui ?

Vincent Bernard
Le Sud pouvait-il gagner la guerre de Sécession ?
Paris, Economica, 2017
Vincent Bernard, Le Sud pouvait-il gagner la guerre de Sécession ?, Economica

Déjà auteur de nombreux ouvrages, dont une biographie remarquée du général Lee, et animateur du site Le Cliophage, Vincent Bernard nous propose aujourd’hui une analyse de la guerre civile avec, en toile de fond, cette question : l’appréciation classique, courante, routinière presque, portée sur le déroulement de la guerre de Sécession correspond-elle à une analyse d’historien ? La victoire du Nord était-elle inéluctable ? Il organise son propos en quatre grands chapitres : « Être ou ne pas être ? Quelle Confédération pour quelle guerre ? », « En avoir ou pas. Forces et faiblesses de la Confédération », « Masters and Commanders. Et si le Sud avait eu une meilleure stratégie et de meilleurs chefs ? », « À la recherche de la victoire perdue. Scénarios alternatifs et occasions manquées ». La logique de l’organisation du plan soutient la démonstration. Dans un premier temps, Vincent Bernard présente le processus de naissance de la Confédération, avec la question des Border States esclavagistes, et rappelle que « la sécession n’est pas la guerre, puisque plusieurs mois s’écoulent avant que les opérations actives ne commencent. Dans une deuxième partie, il analyse les forces et faiblesses de la Confédération, en particulier au regard du terrain, dont les grandes zones sont très caractéristiques, et de la population (Blancs et Noirs, armées respectives, recrutements étrangers, armements...), deux facteurs essentiels dans le déroulement du conflit. Le troisième chapitre passionnera tous ceux qui s’intéressent à ce type de question : qu’est-ce que la victoire et comment l’obtenir ? Bernard y revient notamment sur la formation des officiers de l’armée confédérée. Les choix de chacun lors de la scission, la constitution des états-majors, l’encadrement des unités, les rapports politico-militaires, la cohésion interne de chaque État et sa motivation à poursuivre la guerre et à vaincre sont successivement abordés à l’aide d’exemples précis. Enfin, la quatrième partie s’interroge sur les « scénarios alternatifs et occasions manquées » : « Dix mille engagements armés distincts. Parmi ces affrontements, deux mille sont jugés significatifs et environ quatre cents méritent le nom de « bataille ». Parmi ces batailles, quarante-cinq ont été classées en « catégorie A », c’est-à-dire ayant eu un réel impact d’ordre stratégique sur le déroulement de la guerre. » En fin de volume, l’ultime question : « Et si le Sud avait continué à se battre ? » Au terme de ce parcours, il reste finalement plus d’interrogations qu’il n’y a de réponses. Cette belle étude se clôt par une chronologie détaillée et par une bibliographie dans laquelle les ouvrages d’uchronie sont commentés. Un livre qui se lit avec aisance, qui apporte de très nombreuses informations et remet bien des choses à leur place.

PTE

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