N°42 | Guerre et cinéma

Thierry Lenz
Bonaparte n’est plus
Le monde apprend la mort de Napoléon, juillet-septembre 1821
Paris, Perrin, 2019
Thierry Lenz, Bonaparte n’est plus, Perrin

La mort de Napoléon, l’une des plus romanesques et des plus connues, continue de susciter un intérêt majeur. Sa fin à Sainte-Hélène le 5 mai 1821, dont l’Angleterre voulait à tout prix faire une non-nouvelle, a été connue avec retard compte tenu de l’éloignement de l’île. Étonnamment, elle n’a pas été immédiatement ressentie comme un événement majeur et n’a pas fait la Une des journaux britanniques et français. Quelques feuilles à tirage réduit, quelques manifestations discrètes d’anciens soldats ont été rapidement maîtrisées. La famille de celui que les Anglais s’obstinaient à appeler Bonaparte n’a pas non plus témoigné l’émotion que l’on aurait pu en attendre. Joseph, à Boston, a été prévenu avec retard. Lucien et Louis sont restés assez indifférents. Seule Pauline a exprimé sa tristesse et a encouragé sa mère Laetitia à solliciter le retour des cendres de son fils en Italie ou en France. Marie-Louise, elle, est demeurée assez silencieuse. L’Aiglon, qui avait dix ans, semble en revanche avoir été très ému. Cette relative indifférence, qu’elle soit spontanée ou liée à la crainte des royalistes et de l’Europe d’un retour de manifestations d’opposition politique, contraste avec la postérité qui va transformer cette mort à Sainte-Hélène en une véritable épopée au cours des deux siècles qui suivent. Cet ouvrage, signé par l’un des meilleurs spécialistes de l’histoire napoléonienne, révèle avec précision les surprenants méandres d’une mémoire qui se fige avant de, soudain, s’embraser.


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