N°43 | Espaces

Maud Quessard
Stratégies d’influence et guerre de l’information
Maud Quessard, Stratégies d’influence et guerre de l’information, Presses universitaires de Rennes

Voilà un travail tout à fait exceptionnel sur les stratégies déployées par les États-Unis, en particulier via l’US Information Agency (usia), des années 1950 au début du xxie  siècle, avec le soft puis le smart power. À travers neuf chapitres regroupés en quatre grandes parties (« L’enjeu européen et le rôle de la diplomatie publique dans les stratégies de la politique américaine de guerre froide », « Les stratégies de l’usia et des usis au service de la démocratie en Europe », « La victoire de la guerre idéologique en question : audits des stratégies d’influence en Europe » et « Les stratégies d’influence américaines, de la guerre froide aux guerres hybrides »), c’est toute la politique d’influence américaine, en particulier à l’égard de l’Europe, qui défile sous les yeux du lecteur, au fil et au rythme des présidents élus à Washington. À partir des précurseurs à la fin de la Seconde Guerre mondiale (dont la célèbre radio Voice of America), l’usia, officiellement fondée en 1953, devient une arme stratégique dans la guerre des mots et des images dans la lutte contre le communisme. L’apogée est atteint sous Reagan. L’utilisation de la culture américaine, des artistes, des programmes d’échanges constitue le quotidien de cette politique, complétée par des actions spécifiques en direction des leaders politiques, syndicaux et associatifs comme des journalistes. Cette « propagande » se fait fine et distingue entre les différents États d’Europe orientale. L’évaluation de l’efficacité de cette politique reste difficile à faire, car nous sommes dans un domaine non objectivement quantifiable ; il n’en demeure pas moins que les années 1980-1990 marquent bien la victoire idéologique des États-Unis sur le monde communiste. Si la fin du xxe siècle correspond à une forme de « traversée du désert » pour l’usia et les stratégies d’influence, les attentats du 11-Septembre et la « guerre contre le mal » leur donne de nouveau de l’intérêt dans le cadre de la politique de soft power, mais sans que les résultats soient toujours au rendez-vous. Le propos est ambitieux et l’ouvrage traite de questions essentielles. Près de vingt-cinq pages de sources et de bibliographie (essentiellement d’origine américaine) complètent très utilement ce volume, qui va très vite devenir une référence incontournable sur le sujet.

PTE

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