N°7 | Le moral et la dynamique de l’action – II

Pierre Hazan
Juger la guerre, juger l’histoire
Paris, PUF, 2007
Pierre Hazan, Juger la guerre, juger l’histoire, PUF

Est-ce un livre qui suscite l’espoir de refonder les sociétés comme l’annonce sa 4e de couverture ? L’auteur, Pierre Hazan, s’emploie à le démontrer. À l’origine de la justice transitionnelle, le tribunal de Nuremberg qui incarne le passage d’une organisation politique à une autre et préfigure le juge pénal international. Il sera suivi par la politique du chancelier Adenauer et de ses successeurs qui vont par des gestes de repentir, de réparations, de constructions de mémoriaux, marquer la rupture entre le présent et le passé et refonder la conscience collective allemande. Cette idée de refondation sera clairement revendiquée en 1992 pour concourir à organiser, dans de nombreux pays, l’après-dictature. Elle repose sur une identification du mal, sa mise en récit, et une proposition de résolution de la tragédie que s’approprient les opinions en tentant de répondre aux questions que pose la construction de la démocratie : faut-il faire l’impasse sur les crimes passés ou punir les responsables en mettant en danger la démocratie naissante ? L’Afrique du Sud sera l’exemple emblématique de cette justice transitionnelle au service de la réconciliation nationale. La parole donnée aux victimes s’est substituée au silence considéré comme le ferment réunificateur de l’unité nationale. Mais le paradigme de la transition est mis à mal par les violences de masses commises envers les civils. Les gouvernements occidentaux et les grandes ong vont alors bâtir un dispositif reposant sur l’idée qu’il y a des normes si fondamentales qui transcendent les intérêts nationaux. Débutent à partir de 1998-1999 le temps du châtiment et d’une justice pénale internationale avec, au centre, le crime contre l’humanité qui légitime une diplomatie judiciaire sans frontière. Mais les attentats du 11 septembre 2001 ouvrent une nouvelle période : l’utopie d’un monde gouverné par la règle de droit est mise en danger. La conférence des Nations unies contre le racisme à Durban verra la confrontation de deux représentations du monde et sa dialectique entre le droit et la politique. Mais si le printemps, comme l’écrit l’auteur, de la justice transitionnelle n’a duré que douze ans, la capacité des acteurs locaux de s’emparer de l’autorité qui en émane pour travailler et métisser cette justice selon la situation historique lui donne une force nouvelle et représente une source d’espoir.


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