À travers l’histoire « classique », cheminant période par période à travers des siècles, Hubert Heyriès s’intéresse au symbole du soldat, de l’armée et de nombreux mythes qui participaient à la construction de l’histoire militaire italienne ainsi qu’au rôle politique, moral et national de l’armée dans l’histoire de l’Italie, en particulier au moment de la construction nationale. Les spécificités historiques, organisationnelles, sociales ont contribué à une certaine dispersion des armées régionales alors que se constituait un seul État au xixe siècle. La spécificité de l’armée piémontaise formait le socle de l’armée italienne, mais rencontrait de nombreuses résistances. Est étudiée la place de l’armée dans les guerres successives, les soulèvements, les résistances ou encore les régimes différents ou les confrontations avec l’État de Vatican (qui possède sa propre armée). La renaissance spectaculaire de l’armée italienne débute dans les années 1870. Sur quelle base et selon quels principes ? Sont ici abordés le contexte géopolitique et les ambitions politiques italiennes, notamment en Méditerranée, sans oublier les défaites et humiliations à la sortie de la Seconde Guerre mondiale (Traité de Paris du 10 février 1947). Enfin, on y lit l’histoire passionnante de la nouvelle renaissance de l’armée italienne dans le contexte de la construction de la paix en Europe, mais aussi de la guerre froide et des affrontements des grandes puissances. L’Italie au sein de l’otan, de l’Union européenne, sa quête d’un nouveau modèle de défense, sa professionnalisation qui passe également par l’augmentation capacitaire et opérationnelle… Au final, cette armée, qui a dû faire face à l’histoire militaire et nationale mouvementée, et qui a longtemps souffert d’une image négative, n’a jamais connu d’effondrement irrémédiable et a toujours accompagné le nation building.