N°33 | L'Europe contre la guerre

Boris Hazoumé

Jean Monnet, « l’inspirateur »

Elle n’a rien de clinquant et pourtant, impossible de ne pas la remarquer. Une table Regency, de forme ovale, dotée de cette élégance discrète propre au quotidien des grands hommes. Sur son large plateau d’acajou ont été posés, des années durant, les repas simples servis aux hôtes venus du monde entier. Si un micro y avait été placé, on eût entendu parler de l’actualité internationale au hors-d’œuvre, de l’affaire du jour au plat principal et du plan de l’action à mener à l’heure du dessert, car tel était l’ordonnancement d’un déjeuner de travail. On eût entendu prononcer les noms de Clemenceau et Churchill, Roosevelt et de Gaulle, Schuman et Adenauer. Cette table, qui fut celle de Jean Monnet au Comité d’action pour les États-Unis d’Europe, a été le témoin d’une page essentielle de l’histoire européenne. Elle s’offre aujourd’hui au regard des visiteurs qui ont l’honneur d’être reçus par Pascal Fontaine, politologue de la construction européenne et dernier assistant de l’homme que l’on surnomme « Monsieur Europe ».

Pascal Fontaine nous raconte son père, secrétaire personnel, plume et membre indéfectible de ce noyau dur de l’Europe créé par Jean Monnet. François Fontaine, fidèle parmi les fidèles, à qui sont dédiées les Mémoires de celui-ci. En 1948, Félix Gaillard, député des Charentes, ancien Résistant, le présente à Monnet. Alors chargé de mission au service de presse du Quai d’Orsay, François Fontaine comprend immédiatement que se tient devant lui une personnalité hors du commun : un homme d’action, moderne et visionnaire, dont l’horizon ne s’embarrasse pas de frontières. Engagé pour rédiger une revue de presse et suivre les travaux parlementaires, il se retrouvera acteur du lancement du plan Schuman, acte fondateur de la Communauté européenne. Il participa en effet à cette équipe de pionniers qui mit en place les institutions de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (ceca). Il s’inscrivit résolument dans le sillage de Monnet, grand admirateur tant de l’homme que de son projet. Il dressa à son fils le portrait d’un patron infatigable, très exigeant et parfois peu commode.

De 1973 à 1977, Pascal Fontaine prend en quelque sorte la relève de son père. Il est encore étudiant lorsque Monnet l’autorise à exploiter, dans le cadre de recherches universitaires, les archives du Comité d’action pour les États-Unis d’Europe qu’il a fondé en 1954. Monnet assiste même à sa soutenance de thèse, en Sorbonne. « C’était très curieux d’avoir son objet de thèse dans son dos », confie Pascal Fontaine. Jean Monnet lui propose alors un poste de secrétaire personnel. Le jeune Pascal assiste ainsi aux déjeuners de travail, suffisamment frugaux pour laisser aux intelligences toutes les chances de s’exprimer pleinement, puis en rédige le compte rendu. En fin de journée, Jean Monnet vient régulièrement s’installer dans son bureau où s’engagent des discussions à bâtons rompus. Profondément marqué par cet homme charismatique, Pascal Fontaine comprend qu’il consacrera sa propre carrière à l’Europe. C’est précisément ce qu’il fait, d’abord comme chargé de mission au secrétariat général du Comité interministériel pour les questions de coopération économique européenne (sgci), puis comme chef de cabinet du président du Parlement européen. Il est aujourd’hui vice-président de la Fondation Jean-Monnet, à Lausanne, et continue de nourrir des réflexions sur la construction européenne. Il nous a livré, le temps d’un entretien, un témoignage sur la personnalité de Jean Monnet.

De nos jours, les enseignants qualifieraient sans doute le jeune Monnet d’enfant hyperactif. Contentons-nous de dire que vif, toujours en quête de mouvement, il ne tenait pas en place. À seize ans, il quitte l’école et entre dans l’affaire familiale de négoce en cognac. De cette expérience qu’il poursuit jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans, il retire un sens pratique développé, l’habitude de débuter ses missions par un état des lieux et peut-être aussi le goût de l’agir ensemble. Pascal Fontaine le décrit – et toute sa carrière en témoigne – comme un homme habité par la conviction que l’avenir est transnational. Anglophone, il rencontrera les plus grands hommes politiques des deux côtés de l’Atlantique, à la fois pour les écouter et pour leur transmettre sa vision de la construction européenne et des relations euro-américaines. Déterminé, il forme une équipe qui travaille « un peu à la manière d’un commando ».

Jean Monnet lui-même force le destin, à la hussarde. Il est charismatique, en dépit d’un médiocre talent oratoire, et affiche un mépris souverain pour les intrigues de couloir. C’est un personnage contesté, sans doute parce qu’il ne suit jamais les canaux classiques de l’exercice du pouvoir. Conscient justement de sa faiblesse oratoire, il détecte et choisit ceux qui lui serviront de relais auprès des plus grands – quand il ne se rend pas directement auprès d’eux –, les rencontre, les écoute, les gagne à sa vision. Si on ne le surprend jamais à dire du mal d’autrui ni en public ni en privé, la médisance étant étrangère à sa nature, cela ne le met pas à l’abri des critiques. On le « suspecte » de travailler trop étroitement avec les banques américaines, d’être un mauvais patriote. Pascal Fontaine établit un lien entre son caractère volontaire, et même volontariste, et l’éducation maternelle. Sa mère, en effet, est une femme entreprenante, qui inculque à ses enfants une opiniâtreté toute charentaise. D’ailleurs, sa sœur fut la première femme à prendre part à un concile de l’Église catholique, preuve que chez les Monnet, la détermination et l’action font loi. Jean Monnet est profondément démocrate, très soucieux de l’opinion des gens et défenseur farouche de l’égalité des droits. Il ne renonce jamais, ne se disperse pas, d’où l’efficacité de son action.

Secrétaire adjoint de la Société des Nations (sdn) à l’âge de vingt-huit ans, son nom est connu dès la Première Guerre mondiale. Il évolue déjà dans les cercles du pouvoir et tutoie les grands du monde d’alors. Pascal Fontaine affirme que pour Jean Monnet, totalement européen de conviction, mais euro-atlantique dans la conception qu’il a de l’unification européenne, « la construction européenne était sans doute une étape transitoire pour aller vers une forme d’organisation mondiale ». Ajoutons que pour lui, l’Europe est une entreprise morale, dépourvue de tout esprit de domination ou volonté de discrimination. En proie aux critiques, il est cependant très respecté. D’après son ancien assistant, cela tient essentiellement à trois facteurs : toutes les idées qu’il apporte sont crédibles, il ne « roule » pour personne et il ne demande jamais rien pour lui-même. « Sa grande réflexion, nous explique Pascal Fontaine, est que l’on ne peut pas changer l’homme, au risque, si l’on s’engage dans cette voie, d’aller à la catastrophe ; ce qu’il faut, c’est changer les conditions matérielles dans lesquelles l’homme évolue. »

C’est donc à cette tâche que va s’atteler Jean Monnet toute sa vie. Pour ce faire, lui qui affirme ne pas s’intéresser aux questions militaires va devoir composer avec les impératifs de défense et opérer dans les arcanes du pouvoir militaire. En particulier à trois périodes clefs de son existence, au cours desquelles la place des questions de défense apparaîtra centrale.

  • 1916-1919. La coordination des ressources des Alliés

La Première Guerre mondiale fait rage et le jeune Jean Monnet, alors haut fonctionnaire chargé de l’approvisionnement, n’envisage de perspective de paix que dans l’union des intérêts communs. Visionnaire, il est déjà habité par la certitude que la résolution du conflit ne peut s’organiser qu’à un plan supranational, qui dépasse les intérêts nationalistes et égoïstes. Or, il a pu le constater, la tentation du repli sur soi est souvent forte en période de guerre. En 1914, envoyé pour une mission à Londres, il observe la confiance irrationnelle dans les mécanismes du commerce international, comme si la configuration exceptionnelle induite par les temps de guerre n’était pas même prise en compte. Il observe notamment que les Alliés se font concurrence pour l’achat de matières premières telles que le blé et le sucre. Alliés sur le plan militaire, ils deviennent rivaux en matière commerciale. Il voit là une impasse dont il faut sortir au plus vite.

Après avoir alerté le ministre du Commerce français dont il dépend, Monnet propose la création d’une Commission internationale du ravitaillement, premier stade d’une coopération plus solide entre la France et la Grande-Bretagne. Pour commencer, l’achat du blé se fera en commun par les intendances française et anglaise. L’étape suivante sera la gestion commune de l’ensemble du fret, un point d’autant plus crucial que les Allemands entament en 1917 une guerre sous-marine à outrance. Il devient impératif non seulement de rationaliser dans un effort commun les achats de matières premières, mais aussi d’assurer leur acheminement en bonne intelligence. Suite à la création par la France, la Grande-Bretagne et l’Italie des comités exécutifs interalliés (blé, pool maritime qui devient le centre vital de toute l’économie de guerre…), Jean Monnet vérifie à quel point, placés dans certaines conditions, les hommes voient enfin que leur intérêt est commun. Pour la première fois, il a la preuve « des immenses possibilités de l’action commune »1. Les pays engagés dans les comités exécutifs interalliés le sont à égalité. C’est l’une des conditions de ce qu’il nomme « l’union politique complète ». En 1918, les Américains entrent dans cette alliance économique, ce qui constitue une autre phase importante dans le processus d’œuvre commune au service de la défense européenne. Jean Monnet, lucide, entrevoit que cette coopération risque de cesser la paix revenue. Or il affirme que le bon sens voudrait que cette force constituée contre un ennemi commun en temps de guerre, non seulement se perpétue mais s’ouvre aussi aux vaincus une fois le conflit terminé. « Il faudra encore bien des épreuves avant que les Européens comprennent qu’ils n’ont de choix qu’entre l’union et un long déclin2. » Elles ne vont pas tarder à surgir, un quart de siècle plus tard, lorsqu’Hitler s’engagera dans une entreprise dévastatrice.

  • 1938-1944. La coordination de l’effort d’armement

En 1935, Jean Monnet s’est déjà fait une claire opinion sur Adolf Hitler. Il déclare que cet homme et plus largement le nazisme amèneront la guerre. Une fois de plus, il va encourager les Alliés à faire œuvre commune face à l’ennemi, sur le champ de bataille mais aussi dans leur organisation interne. Ses efforts, cependant, ne portent pas exactement sur les mêmes domaines qu’en 1916. En effet, un point lui pose problème : l’armement, et plus particulièrement la force aérienne. La Luftwaffe est en effet réputée supérieure aux forces aériennes de la France et de la Grande-Bretagne réunies. Jean Monnet identifie rapidement l’enjeu central pour les Alliés : renforcer leur aviation grâce à l’aide d’une grande démocratie, les États-Unis, hors d’atteinte des appareils allemands. En 1938, il est envoyé en urgence auprès de la Maison Blanche par le président du Conseil Daladier, lui aussi conscient de la situation. Il y est reçu par Franklin D. Roosevelt, qui perçoit clairement que le péril nazi met la démocratie en danger dans l’Ancien et le Nouveau Monde. Monnet se heurte cependant sur le sol américain à une tendance au repli national, phénomène qu’il connaît parfaitement et identifie comme l’un des ennemis principaux de l’œuvre européenne. Convaincu, Roosevelt accepte néanmoins l’engagement de son pays et autorise la fabrication aux États-Unis de nouveaux modèles d’avions qui viendront alimenter les capacités des démocraties dans leur lutte contre Hitler.

Comme par le passé, Jean Monnet envisage son action par étapes successives : l’obtention du soutien américain est évidemment cruciale, mais il convient d’aller plus loin et il propose la mise en place d’une structure de coordination franco-britannique. Sous son impulsion, un accord est conclu entre Daladier et Chamberlain le 18 octobre 1939. Il détaille le fonctionnement de cinq comités permanents, composés de hauts fonctionnaires, qui vont permettre d’assurer la meilleure utilisation des ressources des deux pays, particulièrement en ce qui concerne les matières premières et les moyens de production, afin de garantir la satisfaction de l’intérêt commun. Toujours habité par l’idée d’une alliance de long terme, il écrit qu’« entre la tyrannie et la liberté, France et Grande-Bretagne doivent lier leur destin dans la guerre et au-delà »3. Cette vision se traduit par le projet d’union franco-britannique avalisé le 16 juin 1940 par Churchill, de Gaulle et Reynaud. Il prévoit un cabinet de guerre commun, la fusion des parlements et la double nationalité pour les citoyens des deux pays. Mais cette solution audacieuse et symboliquement très forte pour faire face à l’ennemi nazi est rejetée le soir même par la majorité défaitiste du cabinet français, qui préfère signer l’armistice et s’en remettre au maréchal Pétain, nommé chef du gouvernement. Monnet, président du Comité de coordination franco-britannique, en démissionne alors pour se mettre au service du gouvernement de Londres afin d’assurer le bon déroulement de la coopération avec les États-Unis en matière d’armement et de ravitaillement. Cette décision et les événements qui l’ont précédée montrent bien que pour lui, la défense de la France et de ses intérêts ne peuvent se concevoir que dans un cadre européen et international.

Aux États-Unis, membre du comité britannique chargé des achats de guerre, il fréquente les décideurs politiques du premier cercle américain, au plus haut niveau, y compris Roosevelt, et contribue à élaborer le programme de réarmement américain, le Victory Program, qui doit servir les Alliés, dont l’Union soviétique, la Grande-Bretagne et le Commonwealth, et la France libre, contre l’Axe.

Une fois revenu dans les instances françaises à Alger avec le général Giraud, puis sous l’autorité du général de Gaulle, Monnet négocie le réarmement de l’armée d’Afrique puis des troupes françaises engagées en Italie puis en Provence, ainsi que le ravitaillement de la France en voie de libération.

  • 1954. L’échec de la Communauté européenne de défense

Le 25 juin 1950, l’invasion de la Corée du Sud par la Corée du Nord engendre un dilemme pour Jean Monnet. Si l’Ouest, à la demande des Américains, doit se mobiliser contre un ennemi communiste, alors cela signifie que l’Allemagne doit être réarmée pour faire face à l’Union soviétique, au même titre que la France, l’Angleterre et l’Italie. Le chancelier Adenauer voit d’un très mauvais œil ce possible réarmement. Jean Monnet, quant à lui, craint surtout que la situation ne génère une mauvaise compréhension par l’opinion des buts de la ceca, qui a été lancée quelques semaines plus tôt, le 9 mai 1950, par Robert Schuman. La ceca se veut en effet une entreprise pacifique, une organisation supranationale coiffant les États en ayant une compétence exclusive sur le charbon et l’acier, secteurs déployés dans des régions qui ont été des centres névralgiques en temps de guerre (Ruhr, Sarre, Lorraine...) et ont largement alimenté l’industrie de guerre. Cette communauté paraît une solution idéale pour relancer le potentiel industriel de l’Europe continentale, et donc de l’Allemagne, tout en exorcisant la peur qu’ont l’Angleterre et la France de le voir, une fois reconstitué, à nouveau mis au service d’ambitions belliqueuses. L’affaire du réarmement allemand intervient donc au plus mauvais moment. Jean Monnet redoute que les Américains ne créent une situation telle que les Allemands puissent recouvrer leur pleine souveraineté, ce qui rendrait la ceca inutile.

Pragmatique, il va répondre à la demande américaine en suscitant le plan Pleven. Quelques semaines après l’invasion en Corée, le président du Conseil René Pleven, ancien secrétaire de Jean Monnet à la sdn, présente en effet le projet d’une Communauté européenne de défense (ced) permettant de réarmer l’Allemagne dans un cadre supranational. Pascal Fontaine rapporte cet épisode, le caractérisant comme une habile manœuvre de Monnet pour préserver les chances de succès de la ceca. Dans ses Mémoires, celui-ci précise ce point : « Sans doute le plan Schuman [la ceca] ne risquait plus de se briser contre l’obstacle infranchissable qu’eût été une armée allemande reconstituée hâtivement sur une base nationale. Mais ce que l’on appelait désormais le “plan Pleven” ne devait pas être seulement un expédient ni une manœuvre dilatoire. » Il sera possible, si les deux projets de communauté européenne sont adoptés, de concilier les exigences de la défense et celles du développement économique et social des pays européens. Le traité de la ceca entre en vigueur en 1952, mais deux ans plus tard, le Parlement français rejette la ced. Suite à cet échec, Jean Monnet estime que l’Europe est au point mort et démissionne de la ceca, dont il préside la haute autorité, pour fonder le Comité d’action pour les États-Unis d’Europe.

  • L’inspirateur et le connétable

À travers ces trois moments clefs de l’histoire européenne et mondiale s’illustrent clairement la volonté de Jean Monnet de faire travailler les hommes ensemble et sa conviction qu’il est possible de surmonter les clivages nationaux. Sa conviction à l’époque des deux conflits mondiaux est d’ailleurs celle-là même qui aboutira à la construction de l’Union européenne. Comme il le dira lui-même : « C’est la nécessité qui m’a conduit plusieurs fois dans ma vie à m’occuper d’affaires militaires pour lesquelles je n’ai ni goût ni compétences. » Mais on comprend aussi la dimension paradoxale de cet homme qui, tout en affirmant n’être ni amateur ni spécialiste des questions militaires, s’est pourtant révélé un homme clef de la gestion des deux conflits mondiaux et plus tard de la guerre froide4. John Maynard Keynes dira d’ailleurs de lui que son influence auprès du président Roosevelt, en suscitant un effort de la nation américaine qui parut au premier abord impossible, « a peut-être raccourci d’une année entière la durée de la guerre »5.

D’ordinaire, si l’on doit opposer la vision européenne de Jean Monnet à celle de l’un de ses illustres contemporains, on pense immédiatement à Charles de Gaulle. Au cours de sa carrière, Monnet s’est rapproché du Général à trois reprises, d’abord dans l’affaire du projet d’union franco-britannique, en juin 1940, puis lorsqu’il fut membre du gouvernement provisoire français à Alger et, évidemment, quand il fut nommé par celui-ci commissaire général du plan de modernisation. Leurs conceptions de l’inscription de la France au sein de l’Europe sont éloignées. Pour Jean Monnet, l’Europe ne peut être que fédérale, dans le cadre d’un partenariat euro-américain où les deux rives de l’Atlantique sont à égalité. À ses yeux, la notion d’Europe indépendante ne fait pas sens et les États-Unis sont un partenaire incontournable de son intégration. De Gaulle, le « connétable », voit quant à lui la France comme une personne, ancrée dans un héritage carolingien : l’Europe ne peut être que continentale et indépendante des États-Unis. En dépit de leurs fortes divergences, il semblerait que ces deux hommes d’État se soient voué une estime réciproque. Et Monnet se reconnut pleinement dans le qualificatif d’« inspirateur » que lui attribua de Gaulle en 1953. Jean Monnet est sans conteste un grand homme du xxe et même du xxie siècle, selon Pascal Fontaine. Merci à lui de rendre encore vive et tangible la mémoire de ce grand serviteur de l’Europe.6

1 Jean Monnet, Mémoires, chapitre 3, Paris, Fayard, 1976.

2 Ibid.

3 Jean Monnet, Mémoires, chapitre 6, Paris, Fayard, 1976.

4 Jean Monnet fut impliqué dans l’otan où il présida un comité de trois sages pour évaluer les contributions de chacun et soutint, sous Kennedy et Johnson, la création d’une force multilatérale euro-américaine qui ne vit pas le jour.

5 Emmanuel Monick, Pour mémoire, Paris, Éditions Mesnil, 1970, p. 67.

6. L’auteur remercie, pour ses commentaires et suggestions Gérard Bossuat, professeur émérite de l’université
de Cergy-Pontoise, chaire Jean-Monnet ad personam, Histoire de l’unité européenne, membre du Comité
pour l’histoire économique et financière de la France.

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