N°44 | La beauté

André Thiéblemont

Esthétiques saint-cyriennes

30 juillet, cinq heures du matin dans le camp de Saint-Cyr Coëtquidan. Sur la « Grande Bosse », une colline mythique de l’univers saint-cyrien, là où des générations d’élèves officiers lourdement harnachés sont venus expier leurs fautes, plus d’une centaine de saint-cyriens en grande tenue sont assis ou couchés autour d’un coq monumental tourné vers le Levant, un coq rapporté de la terre algérienne. Ils y ont passé la nuit à faire bombance, à chanter, à se remémorer et à rire des bons et des mauvais moments de leurs trois ans de « Bahut ». L’aube va se lever, qui annoncera leur « sortie de l’enfer » : leur dernier jour à Saint-Cyr, leur « Pékin de Bahut » (pdb). L’horizon rougeoie. Ils se lèvent, émus à en pleurer pour certains, les gorges nouées. Le soleil flatte la colline de ses premiers rayons… Comme une aube d’Austerlitz. Alors, de cette centaine de poitrines, un chant s’élève, le Pékin de Bahut, la Marseillaise du saint-cyrien. La joie explose, le champagne aussi… Indicible beauté de cette « aurore resplendissante », qui annonce à une promotion de cyrards l’aube d’une carrière d’officier.

La beauté de cette aurore, telle que la ressentent ces saint-cyriens, n’est pas de l’ordre du visible. Elle est incommunicable. Car ce qui rend ce moment sublime, c’est la rencontre fusionnelle qu’une pensée symbolique opère entre leur expérience individuelle et collective passée et présente, là sur la « Grande Bosse », et l’aurore de ce jour à laquelle cette pensée symbolique donne sens.

La pensée symbolique saint-cyrienne est tendue vers une finalité : la bataille. Depuis deux siècles, elle s’est structurée autour de mythes, actifs encore aujourd’hui, qui se signifient, se racontent et se déclinent en signes, rites et symboles, en icônes et graphismes, en discours plus oraux qu’écrits, en verbes poétiques… Ce sont là autant d’éléments codés d’un langage symbolique que des créateurs, le plus souvent inconnus, inventent, colportent ou réinventent, que des leaders traditionnels1 transmettent, actualisent à l’aune du présent. Les uns et les autres cherchent ainsi à créer des émotions mobilisatrices pour intégrer des « bazars » – les jeunes de première année – à Saint-Cyr, pour transformer leur « troupeau » en vaillante promotion, pour séduire leurs pairs et créer un esprit de promotion. Or la réussite de leurs créations résidera dans les sentiments de prouesse collective, d’exception, de beauté qu’elles susciteront.

  • Austerlitz

Napoléon Bonaparte, son épopée et sa conception de l’officier innervent en toile de fond l’univers saint-cyrien. Sa victoire à Austerlitz le 2 décembre 1805, un an jour pour jour après son sacre, constitue dans cet univers une sorte d’épiphanie qui, progressivement, a structuré une configuration symbolique encore vivace aujourd’hui. On peut y reconnaître plusieurs volets, qui s’entrecroisent ou non.

La Saint-Austerlitz, comme le disent encore certains, constitue la fête votive de l’école. Chaque année, où qu’ils soient, les saint-cyriens la célèbrent avec plus ou moins de faste selon les circonstances. Bien plus, Austerlitz ouvre l’ère saint-cyrienne. Un calendrier fut jadis inventé. Il est encore en vigueur, surtout dans les « corniches », les classes préparatoires à Saint-Cyr. Les années y sont comptées à partir de 1805 et chacune des lettres d’Austerlitz désigne un mois de l’année scolaire, le premier étant celui de la rentrée2 : A pour octobre, U pour novembre… et Z pour juillet. Ainsi, le 11 novembre et le 2 décembre 2019 s’énoncent 11 U 214 et 2 S 214.

La pensée symbolique procède par analogie. Ses producteurs surfent sur l’événement, jouent du vécu, d’expressions, d’objets qui ont impressionné leurs pairs, les associent pour construire des édifices qui mobilisent les sens. Il en fut ainsi d’une idée qui, il y a bien des lustres, en vint à associer Austerlitz, l’aube d’une épopée, avec une cérémonie émouvante, fortement symbolique, la remise des casoars, comme une intronisation ouvrant au postulant l’horizon d’une carrière.

  • Le casoar

1855. Napoléon III reçoit la reine Victoria. Pour lui rendre hommage, il décide qu’un plumet rouge et blanc, aux couleurs de la maison royale d’Angleterre, ornera le shako des saint-cyriens. Or, à la même époque, le Jardin d’acclimatation, à Paris, accueille un étrange volatile : un casoar dit « à casque ». Sans doute par dérision, les saint-cyriens surnomment alors « casoar » leur nouvel attribut, tant celui-ci leur donne un profil qui ressemble étrangement à celui de cet oiseau. À la fin du siècle, les chroniqueurs du quotidien saint-cyrien (Eugène Titeux, Georges Virenque, René Maizeroy....) ne font guère allusion à ce nouvel attribut d’uniforme. Dans son Histoire des saint-cyriens, Michel Camus note pourtant l’existence vers les années 1890 d’un rite solennel de « remise des casoars » par les anciens aux bazars, « à la veille de leur première sortie, en principe le dimanche qui précède Noël »3. Cette cérémonie marquait la fin des « bahutages »4 et l’entrée des bazars dans la famille saint-cyrienne.

La Gloire

« Voulant voir si l’école était bien digne d’elle

La Gloire, un jour, du ciel descendit à Saint-Cyr

On l’y connaissait bien ce fut avec plaisir

Que les saint-cyriens accueillirent l’immortelle

Elle les trouva beaux, ils la trouvèrent belle

Après trois jours de fête avant de repartir

La Gloire voulant à tous laisser un souvenir

Fixa sur leur shakos les plumes de son aile

Ils portèrent longtemps ce plumet radieux

Mais un soir de combat, près de fermer les yeux

Un saint-cyrien mourant le mit sur sa blessure

Afin de lui donner le baptême du sang

Et depuis, nous portons simple et noble parure

Sur notre shako bleu le plumet rouge et blanc »

Élève officier Rollin, promotion « Sud-Oranais » (1902-1904)

Au début du xxe siècle, un poème glorifia le plumet rouge et blanc en jouant du sang versé sur la blancheur des ailes de la gloire. D’inspiration romantique, il marquera fortement l’esprit des saint-cyriens par la puissante beauté de son symbolisme, au point de devenir un texte majeur de leur anthologie. Il n’en est guère, jusqu’à notre époque, qui n’ait appris et récité La Gloire à ses anciens, et qui ne garde ce texte en mémoire à un âge canonique. Durant la Grande Guerre, légende ou pas, l’image du saint-cyrien montant à l’assaut en casoar et gants blancs incarnera cette symbolique où se mêlent panache, gloire et sang versé, une symbolique qui n’ira pas sans évoquer des « nids d’amour », des rêveries et des caresses féminines, comme l’évoque un chant créé au début de ce conflit, Les Casos, autre monument de l’anthologie saint-cyrienne5. Le plumet rouge et blanc devint ainsi emblématique de Saint-Cyr et l’éclat de son panache ne cesse encore de charrier cette symbolique.

  • Austerlitz et le casoar

Depuis maintenant plus d’un siècle, l’intime remise des casoars par les anciens à leurs bazars est un moment intense, comme un adoubement du cadet par son aîné. Dans des circonstances et à une date inconnues, probablement à la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette cérémonie se fixa la veille de l’anniversaire de la bataille d’Austerlitz6. Deux objets vénérés du mythe saint-cyrien conjuguaient leur puissance pour amplifier la portée symbolique de ce rite d’agrégation. À la fin des années 1950, lors de la veillée du 2 décembre, dans la pénombre d’une chambrée de douze éclairée par des bougies, nous étions debout aux pieds de nos lits, vêtus de ce grand uniforme que nous portions pour la première fois. Les lits étaient recouverts d’une couverture blanche ; le shako et son casoar encadrés des épaulettes rouges y reposaient en majesté : du blanc et du rouge, la gloire et le sang versé. Les anciens pénétraient lentement dans la chambrée en chantant. « À genoux les bazars… Remettez les casoars ! » Ils posaient alors doucement le shako sur nos têtes et nous agrafaient les épaulettes. « Debout les hommes ! » Comme une métamorphose longtemps attendue. De « bazars crapoteux et libidineux », nous nous relevions fiers saint-cyriens. Unis avec les anciens, nous entonnions alors l’hymne de Saint-Cyr, La Galette, évocateur de « la terre africaine » où « nous allions périr pour l’honneur ». Et ce rite, à la veille de l’anniversaire d’Austerlitz7 ! Pour nos générations qui allaient partir pour cette terre africaine, pour celles qui nous succédèrent jusqu’en 1970, cette conjonction entre la victoire d’Austerlitz et cette cérémonie de remise du casoar, comme l’aurore de l’aventure dont nous rêvions, était mythique : il en avait été toujours ainsi. Il était impensable que soient dissociés l’avènement du saint-cyrien nouveau et la Saint-Austerlitz.

Le mythe fut abattu en 1971. L’époque était à la modernité et au rejet des traditions : aux « chevaliers de la mitraillette » guerroyant au-delà des mers devait se substituer un officier « manager » exerçant un office de « technicien de la défense ». Le général commandant l’école décida de raccourcir la période des bahutages dont pâtissait l’enseignement délivré aux bazars, leurs nuits étant trop courtes pour qu’ils ne sommeillent pas le jour. Il fixa la remise des casoars qui la clôturait au début du mois de novembre. Cette décision opérait une rupture entre deux symboliques, celle d’Austerlitz et celle du casoar. Elle fut perçue comme un lèse-symbole par la promotion d’anciens concernée (la « Général de Gaulle »), qui appelait réparation : après avoir remis les casoars aux jeunes le 8 novembre, la promotion déserta l’école alors qu’elle devait partir défiler à Paris pour l’anniversaire de son parrain. Et cette désertion s’est depuis ritualisée8.

  • Le « Grand Soir » et la « boîte à z’olive »

Au détour des années 2000, la remise des casoars fut captée par l’institution et absorbée dans une cérémonie officielle qui y associait un rite d’agrégation parent : la remise des sabres aux élèves officiers de l’École militaire interarmes (emia). « La remise des sabres et des casoars » se déroule sur l’un des espaces monumentaux de l’école, le Marchfeld, en présence des familles, des proches et d’autorités militaires nationales, ce qui implique un lourd protocole. Certes grandiose et impressionnante, cette cérémonie pour plaquette sur papier glacé n’a plus rien de l’authenticité et de l’intime beauté de la traditionnelle remise des casoars. Par ailleurs, cette captation privait les anciens d’un pouvoir dont ils estimaient être investis par la tradition : celui d’organiser cette cérémonie. Des producteurs de traditions réinventèrent donc une remise des casoars et ils l’enrichirent, l’intitulant le « Grand Soir ». Ce nouveau rituel est sobre et intime : « Ce qui se joue ce soir-là n’appartient qu’aux élèves », écrit Claude Weber dans la description qu’il en fait en 20129. Il précède de quelques jours la très officielle « remise de sabres et des casoars ». Dans la nuit de Coëtquidan qu’éclairent torches et flambeaux, une sorte de liturgie enchaîne une succession de rites qui expriment la transmission du flambeau de la tradition aux bazars, puis leur insertion dans une lignée saint-cyrienne. Puis dans les chambres éclairées de bougies, la puissance émotionnelle de ce rituel culmine dans l’élévation du corps saint-cyrien : comme naguère, le bazar agenouillé, revêtu pour la première fois de son grand uniforme, reçoit son casoar des mains de son ancien. La métamorphose est achevée : « Debout les hommes ! » Le puissant silence éclate alors en explosions de joie et embrassades unissant les deux promotions.

Il est frappant de constater combien certaines séquences de cette cérémonie reposent sur la relation personnalisée que l’ancien a établie au cours des bahutages avec le jeune qu’il binôme. Le premier est aujourd’hui le tuteur de la métamorphose du second. Ce n’était pas ou peu le cas hier. Un magnifique objet symbolise cette relation : la « boîte à z’olive »10, qui enferme le casoar. Il y a un demi-siècle, les bazars recevaient cet objet avec leur paquetage. Il leur était interdit de l’ouvrir avant la veillée du 2 décembre : un oiseau y était enfermé ! Ils devaient en revanche la percer d’un certain nombre de trous de sorte que l’oiseau puisse respirer, pas plus pas moins, sous peine qu’il soit étouffé ou qu’il tente de s’envoler. Aujourd’hui, l’ancien va lui-même percevoir la boîte cylindrique chez le maître bottier. Il en fait une œuvre d’art : il la décore de parements de tissus, de métal, d’une iconographie, le tout exprimant d’un côté la « fanature » de son jeune (l’arme ou la subdivision d’arme à laquelle il aspire) et de l’autre sa propre « fanature » ou le nom de sa promotion. Sur des plaques de cuivre apposées peuvent être gravées une dédicace, une maxime : « l’effort fait les forts », « être celui en qui on croit ». Le bazar découvrira cette offrande de son ancien lorsque celui-ci lui remettra son casoar. Il la conservera sa vie durant. « L’officier doit s’appliquer à rendre cet objet beau et digne pour deux raisons, écrit un saint-cyrien. Il est le seul objet avec le sabre qui matérialise le lien avec son bazar ; cet objet aura l’honneur de protéger notre apanage le plus cher lors des déplacements, notre casoar rouge et blanc ! »

  • Le « Pékin de Bahut »

Le « Pékin de Bahut »11 ou « pdb », c’est la sortie de l’école. Au xixe siècle, elle ouvrait directement sur une affectation en régiment. Après deux années de scolarité vécues à l’époque comme un enfer par les plus ardents, le dernier jour à Saint-Cyr était donc l’aube tant attendue d’une carrière d’officier, avec des rêves de gloire à cueillir sur les champs de bataille d’Europe ou lors de quelqu’aventure coloniale. « Ô Pékin de Bahut, viens nous t’attendons tous » dit le refrain d’un chant éponyme créé sans doute vers la fin de ce même siècle. Son rythme est celui d’un cantique. Son entame chante la délivrance : « Trois saint-cyriens sont sortis de l’enfer. » Dans sa chronique de Saint-Cyr parue en 1896, Georges Virenque rapporte que parfois « recrues et anciens » se rassemblent en soirée sur le Marchfeld de l’école pour entonner le pdb : « C’est grandiose, sous le ciel étoilé, illuminé par la lueur lointaine du grand Paris12. » Pourtant, Eugène Titeux, pour lequel ce chant est « d’une poésie douteuse et d’un sentiment déplorable », note qu’il « fut formellement interdit […] en 1895 »13. La tradition saint-cyrienne se joue des interdits. Mobilisateur et fédérateur parce qu’évocateur d’une expérience collective hors du commun, le pdb devint un hymne porteur de sacré : depuis des lustres, il clôture traditionnellement tout rassemblement de saint-cyriens, en activité ou non14.

Le Pékin de Bahut (extraits)

« Trois saint-cyriens sont sortis de l’enfer

Un soir par la fenêtre

Et l’on dit que Monsieur Lucifer

N’en est plus le maître

La sentinelle qui les gardait

En les voyant paraître

Par trois fois s’écria

Qui va là

Qui vive

Et les trois bougres ont répondu

Ce sont trois saint-cyriens

Qui sont Pékins de Bahut

Ô Pékin de Bahut

Viens nous t’attendons tous

Nous leur ferons tant de chahut

Qu’à la Pompe ils en seront fous »

Cette attente du Pékin de Bahut est célébrée dans un autre texte, créé lui aussi à la fin du xixe siècle : La Phrase. Il se compose d’un énoncé d’un seul tenant qui doit être récité de mémoire par le bazar aux anciens. Une prouesse ! Car le propos sans logique, totalement ésotérique, est constitué d’appositions successives qui renvoient au quotidien insolite de l’hier saint-cyrien. Cette prouesse rhétorique a pour fin d’annoncer aux anciens le nombre de jours qui leur reste avant que ne « luise à [leurs] yeux éblouis, émerveillés, transfigurés l’aurore resplendissante du Pékin de Bahut »15.

La Phrase (Extraits)

« Officiers très bahutés de la non moins bahutée Promotion… En ce jourd’hui de l’an de grâce…, le vent soufflant toujours du grand carré, ainsi que les nombreuses directives du chef de bataillon directeur des services militaires de l’infanterie et du reste, le poireau étant toujours aussi vert, […] les officiers étant toujours aussi bahutés et les bazars toujours aussi ridicules que grotesques, ce dont je suis d’ailleurs le plus parfait exemple, […] le capitaine étant de service, le lieutenant étant de garde, l’officier Kléber galopant toujours sur son piédestal, […] j’ai le grand, très grand, suprême honneur de vous rendre compte de ce qu’il ne reste plus que x jours avant que ne luise à vos yeux éblouis, émerveillés, transfigurés, l’aurore resplendissante du Pékin de Bahut. Qu’on se le dise virgule, qu’on se le redise virgule, qu’on se le fourre deux points, dans la tête, un point c’est tout. »

« L’aurore resplendissante du Pékin de Bahut » à Coëtquidan, avant 1970, ce n’était qu’une image : les saint-cyriens passaient la soirée précédent leur sortie de l’école à visiter les officiers de l’encadrement et à riboter au gré des affectivités jusque tard dans la nuit, sans pour autant attendre cette fameuse aurore. Mais à partir de 1970, consécutivement à la rupture précédemment évoquée entre la remise des casoars et Austerlitz, un rite est inventé pour incarner cette image. Dorénavant, les saint-cyriens de la promotion sortante passent leur dernière nuit bretonne sur la « Grande Bosse » en grande tenue, en casoar et gants blancs, ils attendent de voir luire à leurs « yeux éblouis, émerveillés, transfigurés l’aurore resplendissante du Pékin de Bahut ». Alors, ils entonnent le pdb, comme un adieu à leur vie d’élève ! Indicible moment, qu’une pensée symbolique anonyme inventa au début des années 1970, afin que le spectacle d’une mythique aurore fusionne une promotion dans un merveilleux ineffable où s’entremêlent la nostalgie de ces deux ou trois années passées au « Bahut », la fin de l’insouciance et les folles espérances d’une carrière d’officier.

1 Notamment, l’équipe d’élèves en charge de transmettre la tradition, le « Grand Carré » et ceux qui l’assistent au niveau des compagnies et des sections, les « Fines ». Sur ce point, voir A. Thiéblemont, « L’étrange aventure de la galette saint-cyrienne », Inflexions n° 40, « Patrimoine et identité », pp. 103-113.

2 Il faut sans doute situer cette création autour du centième anniversaire de la victoire d’Austerlitz (1905). En effet, dans son ouvrage sur Saint-Cyr édité en 1896, Georges Virenque fait état d’un calendrier saint-cyrien, mais il est alors composé à partir des lettres d’un officier. Voir G. Virenque, L’Album d’un saint-cyrien, Paris, Librairie Plon, 1896, p. 17.

3 Colonel M. Camus, Histoire des saint-cyriens (1802-1980), Paris, Charles Lavauzelle, 1980, p. 171.

4 Période initiatique, qui durait plus de six mois au milieu du xixe siècle et n’a cessé de se raccourcir, au cours de laquelle, jusqu’à ces dernières années, les « bazars » subissaient un vent souvent nocturne et ravageur que faisaient souffler leurs anciens.

5 « Quand les Cyrards quittant l’école/À Paris débarquent gaiement/Les casoars frisés par le vent/Se répandent en bandes folles. […] Ils vont là où le cœur les mène/Au nid d’amour pour s’y griser. […] Tantôt les caresses des femmes/Tantôt les balles et les boulets/Aimer, mourir, c’est leur métier/De servir la France et les dames/Voilà ce que disent en mourant/ les casoars rouges et blancs (Les Casos, paroles de l’élève officier J.-B. Clément, promotion « Les Marie-Louise » (1911-1914)).

6 D’après M. Camus, op. cit., pp. 297-298.

7 Voir la description de cette cérémonie en 1970 dans M. Camus, op. cit.. pp. 389-390.

8 Sur cette affaire, voir notamment A. Thiéblemont (dir.), Cultures et Logiques militaires, Paris, puf, 1999, pp. 102 et suiv. ; A. Dirou et A. Thiéblemont, « Saint-Cyr : des traditions turbulentes », Sciences humaines hors-série n° 36, « Qu’est ce que transmettre ? », mars/avril/mai 2002, accessible sur https://www.scienceshumaines.com/qu-est-ce-que-transmettre_fr_130.htms

9 Cl. Weber, À genou les hommes. Debout les officiers, Presses universitaires de Rennes, 2012, pp. 95-97.

10. Comme pour d’autres plumets militaires, les plumes du casoar sont fixées par un tissage en forme de nœud appelé « olive ». La boîte qui les contient est appelée réglementairement « boîte cylindrique pour plumet à olive », ce qui dans l’ésotérisme du langage saint-cyrien devient « boîte à z’olive »

11 Le terme « pékin », qui, isolé, signifie civil, semble apparaître dans l’argot saint-cyrien aux lendemains du sac du Palais d’été de Pékin en 1860 par une expédition franco-anglaise. On peut supposer que la langue saint-cyrienne, jouant de l’événement, usa du mot pour lui donner un caractère privatif (privé, éloigné, débarrassé de), comme dans les expressions « Pékin de prestige » (honteux) ou « Pékin de Bahut » (débarrassé de l’école). Sur le sujet, voir M.  Camus, op. cit., p. 125.

12 G. Virenque, op. cit., p. 93.

13 E. Titeux, Saint-Cyr et l’École spéciale militaire en France, Paris, Firmin Didot, 1898, rééd. Laurent Forissier, 2000, p. 504.

14 Aujourd’hui, certaines promotions accompagnent de ce chant leur camarade dans sa dernière demeure. Et dans la nef d’une église, c’est un grand moment…

15 Lors de sa création, cette finale faisait sans doute allusion à une pratique traditionnelle : au matin du pdb, des saint-cyriens de la promotion sortante montaient à califourchon sur le sommet d’un mur du vieux Bahut, à Saint-Cyr l’École, qui donnait sur l’Orient et sur la route de Saint-Germain, le « Mur du Pékin », pour y voir le lever de soleil de ce dernier jour. Voir M. Camus, op. cit., p. 125.

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